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"La rançon de la fraise" sur France 5
mardi, 26 mai 2009 / Louise Allavoine

Un documentaire salé sur un fruit sucré, mais à l’arrière-goût amer. Mardi 26 mai, à 20h35, sur France 5.

Les fraises en hiver, rien ni personne ne vous convaincra d’y renoncer ? Pas si sûr. La réalisatrice Béatrice Limare pourrait bien y parvenir, grâce à son documentaire "La rançon de la fraise" diffusé à 20h35. Car cette lubie économique de produire des fraises en hiver, gros pied de nez à la nature, est à l’origine d’une multitude de dégâts sociaux et environnementaux, qui, une fois connus du croqueur, peuvent donner au fruit un goût amer. Pour nous le montrer, Béatrice Limare est allée promener sa pomme à Huelva, province du sud de l’Espagne, et eldorado de la culture intensive de la fraise d’hiver.

Ici, à l’automne, des milliers de travailleurs étrangers, roumains, polonais, nord-africains débarquent par autocars entiers pour quelques mois de travail. Des femmes essentiellement, "parce qu’il a été démontré que la femme s’adapte mieux que l’homme à ce type de travail, explique Eduardo, le responsable du recrutement local des saisonniers. Le fait de s’accroupir, de rester penché pendant six heures et demie d’affilée, tous les hommes ne sont pas capables de le supporter." Entassées dans des baraquements au confort spartiate, le quotidien, pour cette main d’œuvre corvéable à merci, n’a rien d’une sinécure. Selon un avocat de l’association Défense et droits de l’homme, certaines de ces femmes sont victimes de harcèlement moral et parfois même d’abus sexuels. Voilà pour la facette sociale de "l’or rouge" andalou.

Mais ce n’est pas tout. Car, vue sous l’angle environnemental, la filière a tout faux. La fraise d’hiver, cultivée sous perfusion, n’a en effet rien de naturel. Mais les producteurs sont convaincus du bien-fondé de leur méthode. Ils "nourrissent" leurs fraises "comme des enfants", dit l’un d’entre eux. Biberonner le fruit en goutte à goutte d’engrais et de produits phytosanitaires (pour certains interdits par l’Union européenne du fait de leur dangerosité) est la meilleure façon, selon lui, d’obtenir les plus belles fraises. Alors c’est sûr, la fraise d’hiver est rouge, ferme et tentante, mais elle est empoisonnée. Après ça, pas de sûr que vous y regoûtiez.

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Sur France 5 Image : © Cinétévé