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Des zones "décarbonées" en Chine
mardi, 19 mai 2009 / Hélène Duvigneau

Trente ans après la création des zones économiques spéciales (ZES), des chercheurs chinois et britanniques réfléchissent à la possibilité de mettre en place des zones à faibles émissions de CO2.

Si le concept de LCZ (low carbon zone), ou zones à faibles émissions, n’a pas encore de traduction concrète en Chine, l’idée refleurit dans la presse après l’initiative prise récemment par Boris Johnson, le maire de Londres. Fin 2008 déjà, sortait le rapport de Matthew Findlay et Felix Preston, membres de deux cercles de réflexion britanniques. A partir du travail d’instituts de recherche chinois et européens élaboré un an plus tôt, il préconisait la mise en place de ces zones à faibles émissions de CO2 en Chine.

Sur le modèle des zones économiques spéciales (ZES), laboratoires du capitalisme apparus dans les années 1980, alors que la Chine sortait à peine de l’ère Mao, les zones à faible émission de CO2 pourraient faire figure de projets pilotes localement en vue d’une application à plus large échelle. Des villes chinoises auraient déjà fait part de leur intérêt, désireuses d’attirer des capitaux étrangers.

Pour les partisans de ce concept novateur, l’Union européenne aurait tout intérêt à aider la Chine. En permettant à son deuxième partenaire commercial de trouver la voie d’une économie sobre en carbone, elle ne ferait en effet que soutenir les efforts déjà entrepris à l’intérieur de ses frontières pour lutter contre le changement climatique. Quant aux avantages que la Chine pourrait retirer en adoptant le concept, ils sont multiples. Les LCZ pourraient aider à remplir les objectifs ambitieux qu’elle s’est fixés lors de son 11ème plan quinquennal (2006-2010) : à savoir réduire de 20% en 5 ans son intensité énergétique, et faire passer à 15%, d’ici 2020, la part de son électricité produite à partir d’énergies renouvelables.

Selon les préconisations du rapport, les gouvernants locaux chinois devront, pour être sélectionnés, s’engager à respecter des standards d’émissions plus contraignants que ceux en vigueur dans le reste du pays. A la clé : un effet "aimant", avec l’afflux de financements dans le cadre des mécanismes de développement propre du protocole de Kyoto. Pour mémoire, la Chine avait déjà attiré 12 milliards de dollars d’investissements en 2007, se plaçant au 2ème rang des pays destinataires d’investissements étrangers dans le secteur des énergies renouvelables. Charge enfin pour ces zones de piloter l’harmonisation des standards chinois avec les européens, notamment dans le secteur des transports et du bâtiment. Reste à savoir quand même si le succès du modèle économique des ZES pourra être appliqué au domaine de l’environnement.

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Le site du China Daily
Le rapport de Chatham House et E3G
Photo : 1suisse