Créée en 2006 près de Lille, l’association Archime’d aide les personnes surendettées à s’en sortir. Interview de Catherine Martin, sa créatrice.

Pourquoi vous êtes -vous lancée dans cette aventure ?

Avant, j’étais cadre dans une société de crédit à la consommation, puis directrice d’une banque solidaire qui faisait du crédit professionnel. J’ai compris qu’il y avait un problème sur le marché en voyant arriver toutes ces personnes surendettées. Quand on parle de crédit, on se rend compte que les acteurs ne dialoguent pas, mais fonctionnent en opposition. Il suffit de voir comment se passe une demande de crédit : le demandeur doit envoyer certains éléments et on lui répond par oui ou non. En réalité, il ne comprend pas toujours la réponse. Notre rôle est donc justement d’amener les différents acteurs -banques, assureurs, associations- à dialoguer, et à se mettre à l’écoute des contraintes et des attentes de chacun.

Comment aidez-vous les personnes qui viennent vous voir ?

La palette des gens qui viennent est très large. On essaie de comprendre leurs besoins et de s’assurer qu’elles ont bien mesuré le risque que représentait le fait de contracter un crédit. On reçoit notamment des demandes de personnes qui ont des difficultés financières et veulent un crédit pour s’en sortir. Or la solution ce n’est évidemment pas toujours le crédit. La volonté de notre association, c’est de se mettre en réseau avec tous les acteurs qui existent, ce qui est totalement nouveau. Quelquefois ces solutions sont multiples. Pour l’instant, 250 personnes sont entrées en contact avec nous, et toutes ont eu un entretien. A l’issue de l’entretien, certaines ont abandonné leur demande de crédit. Une vingtaine a eu accès au crédit, et 6 ont été orientées vers le surendettement.

Quels sont vos projets pour les années à venir ?

On aimerait continuer ces actions d’accueil de personnes et avoir plus de partenaires avec nous. On voudrait surtout travailler avec des banques ou des compagnies d’assurance qui voient passer des changements de situation et pourraient nous servir de prescripteurs. Aujourd’hui, les messages de prévention ne passent pas, car les gens entendent plus facilement celui de l’obtention du crédit facile, qui apporte plus de rêves. Pour faire de la prévention il faut qu’on réussisse à toucher les personnes avant qu’elles ne soient en difficulté. On va également essayer de mettre en place des groupes collectifs pour expliquer à toute personne en recherche de crédit ce qu’est le crédit, ce à quoi il faut qu’elle pense avant de contracter un crédit.

Aller plus loin : L’association Archime’d est soutenue par Antropia, l’incubateur social créé par l’Essec en partenariat avec la Caisse d’Epargne.

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