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Signer la paix à Copenhague
jeudi, 30 avril 2009 / Walter Bouvais /

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A la fin de cette année se joue à Copenhague l’un des actes fondateurs du XXIe siècle : 190 Etats y discuteront de l’après-protocole de Kyoto. Ils écriront donc la future feuille de route de la lutte contre le changement climatique.

Depuis quelques semaines, avec une intensité croissante, les scientifiques appellent à des décisions courageuses. Il s’agit de mettre en mouvement, une fois pour toutes et dans la même direction, les cinq continents. L’agro-économiste Lester Brown, que consultent régulièrement les grands de ce monde, répète que nous devons entrer en « économie de guerre ».

L’état de la planète et l’enjeu climatique nécessitent en effet que nous basculions d’une économie prédatrice, peu regardante sur le montant de sa facture environnementale, à une économie réparatrice qui intègre les coûts écologiques. Pour appuyer son propos, Lester Brown fait référence à la bataille de Pearl Harbour, de décembre 1941. Celle-ci opéra comme un déclencheur. Elle permit de convertir l’économie américaine en une économie de guerre dans un temps record, laquelle rendit possible la participation cruciale des Etats-Unis à la Libération.

La concordance que dresse Lester Brown avec notre époque est saisissante, à un détail près. Malgré les avertissements du Giec [1] et quelques phénomènes marquants (Katrina, canicules, inondations, tempêtes), nous sommes confrontés à un phénomène sournois. Il n’y aura peut-être jamais de Pearl Harbour climatique. Ce qui rend l’urgence de la situation difficilement compréhensible par le public. Or, comme le souligne le philosophe Jean Dupuy, « nous ne tenons la catastrophe pour possible qu’après qu’elle a eu lieu. C’est bien là la source de notre problème » [2].

La récente crise financière illustre parfaitement ce propos. Elle a été annoncée par maints économistes. Mais il a fallu télescoper le mur et provoquer la plus grande déflagration économique et financière depuis quatre-vingts ans pour obtenir, enfin, un début de mobilisation, notamment sur la question des paradis fiscaux. Ce n’est pas l’annonce de la crise financière qui a provoqué la mobilisation générale. C’est, malheureusement, sa survenue effective. Qu’en sera-t-il pour le climat ? —