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Taxe carbone : "On a perdu plus d’un an"
lundi, 16 février 2009 / Pauline Vinatier

Quand une taxe disparaît une autre prend sa place. En l’occurence : la suppression de la taxe professionnelle fera-t-elle le jeu de la taxe carbone ? La Fondation Nicolas Hulot soutient depuis longtemps cette mesure. Entretien avec Benoît Faraco, coordinateur « Changement climatique et énergie ».

L’idée d’une taxe carbone ou contribution climat remonte au Grenelle. Aujourd’hui où en sont les travaux ?

On nous a promis des études depuis octobre 2007, mais ça n’a pas avancé du côté du gouvernement. Une réunion de consensus des experts est prévue en mars, mais on a perdu plus d’un an. Je pense que ça va mieux cette année parce que la conjoncture énergétique est plus détendue : le baril de pétrole a baissé de près de 50% depuis l’été 2008.

Pourtant la conjoncture économique générale n’est pas à la fête.

On a toujours remplacé le travail humain par celui des machines, mais ça va changer. Avec le chômage de masse ce qui compte, c’est d’économiser l’énergie. Sans compter l’effet de relance sur l’économie : l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie a estimé qu’une rénovation énergétique de 400 000 logements permettrait de rapporter 2 points de PIB en 2020.

Les taxations existantes du carbone ne sont pas satisfaisantes ?

Aujourd’hui en France, la moitié des émissions de CO2 sont couvertes par le marché européen des quotas. Cela concerne principalement l’industrie. Or les autres secteurs comme le transport, le bâtiment, l’agriculture - qui contribuent tout de même à 20% des émissions - ne sont pas taxés. De plus, leurs émissions ne sont pas concentrées comme celle de l’industrie mais diffuses, donc difficilement évaluables et objet de quotas.

A défaut de taxes par secteurs, il y a déjà des taxations par type d’énergie ?

Oui mais avec la contribution climat, la différence est que chaque énergie paie en fonction de ses émissions, ainsi le fioul sera plus taxé que le sans plomb. Il existe une taxe sur le charbon, une autre sur la consommation de gaz naturel, une troisième sur le pétrole (TIPP). Mais aucune ne se définit en fonction du contenu carbone.

Où iraient les recettes de cette nouvelle taxe ?

Avec un prix de référence de 32 euros la tonne de CO2, cette taxe devrait rapporter entre 8 et 9 milliards d’euros. La fondation Nicolas Hulot propose que 3,5 soient reversés aux ménages sous la forme d’une « allocation universelle climat » de 120 euros et 5,4 aux entreprises. Elle pourrait aussi compenser une partie de la taxe professionnelle, mais pas dans son intégralité.