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"L’épargne solidaire ne sauvera pas le monde"
mercredi, 4 février 2009 / Louise Allavoine

Le 3 février, le Crédit coopératif organisait à Paris une soirée-débat sur le thème "La finance solidaire, solution à la crise ?". François de Witt, président de Finansol, l’association de promotion des finances solidaires, répond à cette colle pour Planète Terra.

- La finance solidaire est-elle donc une réponse à la crise financière ?

Non. Parce qu’elle est encore microscopique par rapport aux besoins de financement de l’économie en général. Regardez : l’épargne solidaire représente environ 400 millions d’euros aujourd’hui en France alors que le montant global de l’épargne est de 180 milliards. C’est une goutte d’eau mais elle a un potentiel énorme. Aujourd’hui, on assiste à un dévouement complet du secteur bancaire. Ils ont tous péché et vont devoir se racheter. Les banques ont besoin de se refaire une beauté. Et pour cela, elles vont devoir devenir socialement responsables. Le meilleur moyen pour elles d’entamer cette démarche serait de s’emparer des thèmes solidaires. Donc, l’épargne solidaire ne sauvera pas le monde, mais elle est promise à un fort développement.

- Finalement, la question n’est pas de savoir si la finance solidaire est une réponse à la crise mais si la crise est une opportunité pour la finance solidaire ?

Exactement. Vous savez, en chinois, le mot crise signifie à la fois choc et opportunité. La crise donne une actualité toute particulière à la finance solidaire. Parce que les causes qu’elle soutient, le logement social, l’insertion, le commerce Nord-Sud, et l’agriculture biologique notamment, sont de plus en plus d’actualité dans le monde dans lequel nous vivons. La particularité de l’épargne solidaire, c’est que l’argent va directement à des entrepreneurs sociaux. Et aujourd’hui, je pense qu’on a besoin de gens qui oeuvrent dans cette direction à un moment où la finance a un peu perdu le Nord.

- En quoi la finance solidaire, si elle ne peut être un remède, peut-elle être un élément salvateur ?

Salvateur dans le sens où tout l’argent que les gens placeront dans cet univers rendra directement service à des entrepreneurs qui sont mus par l’utilité sociale. Donc c’est déjà un bienfait. C’est du concret, c’est de l’humain, du small is beautiful. Ces investissements ont du sens et on peut directement en mesurer les résultats, tandis qu’avec un livret d’épargne classique par exemple, on ne sait pas où va l’argent.

Recueilli par Louise Allavoine

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