Objectif Décroissance, dirigé par Michel Bernard, Vincent Cheynet, Bruno Clémentin. Ed. Parangon, 2003, 13 euros. Par corr. : Revue Silence, 9 rue Dumenge 69004 Lyon.

Avec Objectif Décroissance, une tribu d’irréductibles écologistes met les pieds dans le plat. Ce livre très original fait le procès de la croissance économique, vue comme un "veau d’or" pollueur et mortifère, qui mène notre planète à une mort certaine. "Les économistes ultra-libéraux comme néo-marxistes, ont éliminé de leurs raisonnements le paramètre ’nature’, car trop contrariant", expliquent les vingt-quatre auteurs de l’ouvrage. Pour éviter une catastrophe écologique imminente, il préconisent de changer notre vision de l’économie et d’opter pour une "économie saine", celle de la "décroissance".

Re-localisation du commerce, passage des énergies fossiles aux énergies renouvelables... Des pistes sont esquissées, mais les auteurs ne contruisent pas un système économique global. Ils s’attachent plus à persuader le lecteur d’adopter un autre style de vie, fondé non sur la consommation, mais sur la responsabilité, le bien-être et la convivialité. Les contributions du livre sont inégales, certaines folkloriques. Après une introduction magistrale, le livre perd de la hauteur. Et on reste interdit à l’évocation ici ou là, de traction animale ou d’éclairage à la bougie... On aurait cependant tort de prendre ces croisés de la décroissance pour des plaisantins. D’abord, la lecture rebondit sur quelques expériences originales et stimulantes. Ensuite, malgré ses imperfections, ce livre a le mérite d’être fondamentalement hérétique. En ce sens, il atteint son but, celui de remettre "les pieds sur Terre à l’économie".

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