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L’Éthiopie est dans le vent
vendredi, 10 octobre 2008 / Etienne Burkel

Le groupe français Vergnet a signé hier un contrat juteux pour installer en Éthiopie le plus important parc éolien d’Afrique sub-saharienne. Les 120 éoliennes seraient opérationnelles dans trois ans.

La nouvelle fait suite à un article publié par nos confrères des Echos le 6 octobre dernier. Le groupe Vergnet, fabricant et installateur de pompes à eau et de mats éoliens, a conclu le plus important contrat entre la France et l’Éthiopie en matière d’énergie.

120 éoliennes en trois ans

Marc Vergnet, créateur du groupe, était à la capitale Addis-Abeba ce jeudi afin de signer l’accord entre son entreprise et l’EEPCo, la compagnie nationale d’électricité éthiopienne. Il s’agit de constituer un parc de 120 éoliennes sur le site montagneux d’Ashegoda au nord du pays, aux alentours de Mek’ele dans la province de Tigray.

L’ensemble de l’opération devrait rapporter 210 millions d’euros à Vergnet. Le groupe assure que les trente premières hélices seront opérationnelles dans un an et demi. À l’issue des trois années de travaux, l’Éthiopie sera alors propriétaire du plus important parc éolien d’Afrique sub-saharienne.

Un pays de plus en plus gourmand

Le pays mène actuellement une politique énergétique visant à accroître son indépendance vis-à-vis de l’étranger. Avec plus de 79 millions d’habitants, la République fédérale démocratique d’Éthiopie a une superficie deux fois supérieure à la France. Elle entend bien profiter de ce large territoire et de ses paysages variés pour exploiter des énergies renouvelables telles que le vent.

Chaque turbine GEV HP de Vergnet ayant une puissance d’un mégawatt, le parc devrait représenter 120 MW de capacité maximale. De quoi alimenter au mieux 3% de la population. Une faible avancée quand on sait que la demande est très forte sur place, puisque le pays est en pleine expansion. La croissance du PIB dépasse les 5% par an depuis quelques années et les investissements étrangers ne cessent de croître. Les autorités locales envisagent déjà de revendre une partie de cette énergie électrique aux pays voisins que sont l’Érythrée, le Soudan, la Somalie et le Kenya, afin de constituer une rente.

Un "dieu" français en Afrique

"J’aime à dire que Monsieur Vergnet est un dieu en Afrique", confie Laetitia de Froissard, chargée des relations presse du groupe. "Il a déjà apporté de l’eau potable à des gens qui n’en avaient pas", grâce à ses hydropompes parait-il très réputées sur le continent. Le Neptune se prend maintenant pour Éole, et l’État français a l’air ravi. Le président Sarkozy est l’initiateur des rencontres entre les industriels français et les autorités éthiopiennes, qui ont aussi fait affaire avec Areva, Lafargue et des équipementiers militaires.

L’industriel français doit normalement prendre en charge l’intégralité du projet, de la conception des éoliennes à leur mise en route sur place, ainsi que leur suivi et leur maintenance après lancement. Reste à voir si ce pays, qui vit aujourd’hui essentiellement de l’agriculture, est financièrement prêt à supporter le coût de cette installation. BNP Paribas a attribué un prêt de 165 millions d’euros à l’EEPCo, les 45 autres millions venant d’un emprunt à l’Agence Française de Développement (AFD).

Crédit photo : Blog St Nazaire

- Communiqué du groupe Vergnet

- Rapport de l’OCDE 2007 sur l’Éthiopie

- Article du journal Le Point