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Toujours plus de carbone dans l’air
lundi, 29 septembre 2008 / Etienne Burkel

Les initiatives se multiplient, mais le bilan se dégrade : les rejets mondiaux de gaz à effet de serre ont augmenté presque quatre fois plus vite ces huit dernières années qu’au cours de la décennie précédente. Un rapport du Global Carbon Project (GCP), publié le 26 septembre, sonne l’alarme.

Les choses vont de mal en pis. Les conclusions du texte présenté la semaine dernière par l’organisme international GCP (Global Carbone Project) font froid dans le dos. Les rejets de gaz polluants par l’industrie mondiale et la déforestation ont progressé en moyenne de 3,5% par an depuis 2000, contre 0,9% par an entre 1990 et 2000.

Redoubler d’efforts

"Il faut redoubler d’efforts !", explique Morgane Créach, chargée Europe et international au RAC (Réseau action climat). Les objectifs chiffrés fixés dans le cadre de la convention des Nations unies sur les changements climatiques "ne seront jamais atteints à temps", selon elle. Ils demandaient, via le protocole de Kyoto, la réduction de 5% par rapport au niveau de 1990 des émissions de gaz à effet de serre entre 2008 et 2012, pour les 172 signataires, dont ne font toujours pas partie les États-Unis.

En 2005, la France faisait figure de bon élève avec une baisse de 1,6% de ses émissions depuis 1990, alors que dans le reste du monde, elles avaient cru de +2,8%, et de +16% pour les seuls États-Unis. Pour Morgane Créach, "les espoirs de voir évoluer les choses outre-atlantique sont crédibles". Démocrates et même républicains pourraient mobiliser plus de forces. Mais envisager des objectifs précis ne parait pas à l’ordre du jour. Il s’agit d’abord de faire bouger les mentalités.

La Chine et l’Inde, champions du carbone de demain

Mais le schmilblick coince aussi, et surtout, du côté des nouveaux géants de l’industrie. La Chine et l’Inde, en plein essor, sont aujourd’hui tenus comme principaux responsables de cette croissance inquiétante de la teneur de carbone dans l’air. Leur modèle de développement très rapide et le peu de contrôle sur leurs installations rend la situation difficile à maitriser. Les accords de Bali, en décembre 2007, ont débouché sur de nouveaux objectifs chiffrées pour les pays dits "développés", alors que les autres ont consenti à mener des actions sous la condition d’un soutien financier, technique et logistique des premiers.

"Les discussions du Grenelle ont lancé une dynamique, mais l’État n’a pas encore pris de mesures effectives porteuses d’avenir", regrette la cadre du RAC. "Nous attendons la mise en place des enchères des quotas carbone au sein de l’UE". Une vente annuelle qui pourrait rapporter au minimum 40 milliards d’euros à l’Union. La conférence de Poznan en décembre sera déterminante.

- Le site du Réseau Action Climat

- Le site du Global Carbon Project