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Trieurs de déchets
vendredi, 23 mai 2008 / Amaury Guillem

Chaque année, plus de 200 millions de tonnes de déchets ne sont pas collectés et traités dans le monde.

A Lima, capitale du Pérou, près de cinq tonnes de déchets solides sont produits chaque jour. Et ces déchets sont récupérés par les services municipaux dans certains quartiers, ils s’entassent sur des décharges pour les zones plus défavorisées, où le ramassage des ordures n’est pas assuré. Sans reconnaissance sociale, travaillant de manière informelle, fortement exposés à des problèmes de santé, les segregadores (collecteurs) sont méprisés par les habitants du quartier et chassés par la police. "Et pourtant ils contribuent à la protection de l’environnement en créant une réelle dynamique de recyclage et ils génèrent des revenus ; ils ont une vraie activité économique", explique Gladis Monge, ingénieure. Après avoir travaillé dans l’entreprise des services municipaux de propreté de Lima (ESMLL), elle a rejoint Ciudad Saludable ("Ville saine").

Une association qui, depuis 2001, accompagne les "segregadores" dans la structuration de leur activité. Objectif : mettre en relation mairies, habitants et recycleurs informels, afin d’assurer à ces derniers un revenu régulier, d’améliorer leurs conditions de travail et d’optimiser la gestion des déchets dans les villes du pays.

Au départ du processus, les "segregadores" s’engagent à ne plus récupérer les déchets dans la rue ou sur les décharges. Ils constituent alors un groupe, suivent une formation et reçoivent tricycles, uniformes, gants et masques. Ils se voient ensuite attribuer telle ou telle zone du quartier, où les habitants se sont préalablement engagés à trier leurs déchets et à leur remettre ceux qui sont recyclables. Grâce au tri fait par les habitants, les déchets sont de meilleure qualité que ceux récupérés dans la rue ou sur les décharges ; grâce au travail de groupe, les volumes de déchets récupérés sont plus importants : les "segregadores" peuvent donc vendre les déchets à un prix plus élevé, moins fréquemment et directement aux usines de recyclage. "Tout ceci leur permet de doubler leurs revenus !" se réjouit Manuel Pajuelo, autre membre de Ciudad Saludable.

"Une initiative qui a permis une évolution du système dans son ensemble", observe Colombe Roger-Machart, présidente d’Alter Case, association spécialisée dans les initiatives entrepreneuriales innovantes. Ciudad Saludable a en effet accompagné plus de 800 "segregadores" péruviens ; 250 d’entre eux ont même créé des micro-entreprises pour doper leur activité de recyclage. Un modèle déjà récompensé par de nombreuses reconnaissances internationales.

- Le site de Ciudad Saludable