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Ils rappellent de douloureuses vérités environnementales
lundi, 29 février 2016 / Camille Chandès

Ne plus consommer de viande, d’œufs, de produits laitiers pour préserver la planète. De plus en plus de conversions au végétarisme ou au véganisme, notamment chez les plus jeunes, s’opèrent pour des raisons environnementales. « Quand on connaît les conséquences de sa production en termes sociaux et environnementaux, le steak haché, c’est terminé », assène Christian Berdot, référent agriculture de l’ONG Les Amis de la Terre. Réchauffement climatique, tensions sur la ressource en eau, extinction d’espèces, déforestation, pollutions, trust des terres agricoles… La liste des dommages collatéraux de l’élevage intensif, qui a connu son avènement dans les années 1950, est longue. Selon un rapport de la FAO de 2013, l’élevage industriel serait responsable de 14,5% des émissions de gaz à effet de serre mondiales – le chiffre monte à 24% si l’on prend également en compte la déforestation. Elles sont imputables à la production et à la transformation du fourrage, à la décomposition du fumier, à la transformation et au transport de produits animaux.

Nitrates et phosphore

Au volet eau, ce n’est guère mieux. D’après L’Atlas de la viande, publié en 2014 par Les Amis de la Terre Europe et la Fondation Heinrich-Böll-Stiftung, la production d’un kilo de bœuf exige 15 500 litres d’eau – notamment pour cultiver le grain et le fourrage que l’animal mangera au cours de sa vie –, contre 1 300 litres pour un kilo de blé et 700 litres pour un de pommes. Sans oublier la pollution de l’eau causée par les nitrates et le phosphore présents dans le fumier et les engrais. De son côté, Greenpeace a évalué que l’élevage bovin est responsable à 80% de la destruction de la forêt amazonienne. Selon l’Institut brésilien de géographie et de statistiques, à la fin de l’année 2012, le Brésil comptait plus de bovins (211 millions) que d’habitants (201 millions) ! « L’élevage intensif provoque la destruction de zones entières et de villages pour les convertir en cultures de soja qui nourriront les animaux. Le coût humain sur le plan social est très important », poursuit Christian Berdot.

Supprimer entièrement l’élevage ?

Et ce n’est pas terminé. Alors que la production mondiale de viande a quintuplé entre 1950 et 2000, la FAO estime qu’elle pourrait – ainsi que celle de lait – encore doubler entre 2000 et 2050. Le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud ont en effet un appétit insatiable pour la viande. Quant à supprimer entièrement l’élevage, comme le suggèrent les plus militants des défenseurs des droits des animaux, c’est une autre affaire. « Il y a une forme d’agriculture industrielle intensive qui a des conséquences sociales, sanitaires et écologiques catastrophiques mais, a contrario, l’élevage de subsistance est souvent le complément de l’agriculture. Il permet de maintenir une diversité végétale indispensable au bon fonctionnement des écosystèmes », détaille Christian Berdot. —