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60 millions
mardi, 2 février 2016 / Cécile Cazenave

C’est le nombre de personnes dans le monde qui pourraient être affectées par le phénomène El Niño cette année.

Trombes d’eau, inondations, glissements de terrain en Californie, tornades au Texas : l’est de l’océan Pacifique croule sous les eaux. De l’autre côté, à l’ouest, c’est la sécheresse : saison agricole ruinée en Inde, feux de forêts gigantesques en Indonésie, Corne de l’Afrique assoiffée. D’après l’Organisation mondiale de la santé, 60 millions de personnes dans le monde pourraient être affectées par le phénomène El Niño en cours cette année.

Le célèbre courant chaud, phénomène cyclique se manifestant tous les deux à sept ans, est en train d’atteindre son pic d’intensité et promet de faire funestement parler de lui pendant plusieurs mois encore. Les scientifiques prédisent qu’il sera probablement l’un des plus puissants du siècle, exacerbé qu’il est par le changement climatique en cours. Son impact sur la pluviométrie et les températures atmosphériques du monde entier est si important qu’il est difficile de trouver un endroit du globe qui lui résiste, la zone tropicale demeurant la plus sévèrement atteinte. Les projections de l’agence onusienne tablent sur des phénomènes de sécheresse qui toucheront quelque 4,7 millions de personnes dans le Pacifique sud-ouest, 4,2 millions en Amérique centrale et 30 millions de personnes dans le sud de l’Afrique.

L’ONG Oxfam s’alarme ainsi des trois millions de personnes qui souffrent désormais de pénuries consécutives à la sécheresse en Papouasie-Nouvelle-Guinée, le pays le plus touché du Pacifique. En Ethiopie, plus de dix millions de personnes sont déjà en état d’insécurité alimentaire. Leurs troupeaux ont été décimés et le manque de fourrage menace ceux qui restent. La liste des maux charriés par El Niño ne s’arrête pas là : avec les pieds dans l’eau des uns et les sols craquelés des autres arrive le cortège mortifère des malaria, choléra et fièvres diverses.

Enfin, dernier rebond du courant, les consommateurs européens, quasi seuls sur terre à ne pas craindre pour leurs os, feront connaissance avec lui à travers le prix de leurs jus de fruits. Les récoltes d’ananas, de mangues, d’oranges ou de fruits de la passion sont en effet en berne pour cause d’inondations à certains endroits du globe, de sécheresses à d’autres. A la sortie de l’hiver, le mutlivitaminé coûtera probablement un bras !

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