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A Rungis, le ventre de Paris se met au bio
mercredi, 3 février 2016 / Karine Le Loët /

Rédactrice en chef à « Terra eco ».

5 600 mètres carrés de fruits et légumes, de viande, de vins, de yaourts… bios. Le marché numéro 1 de France prend le virage écolo. Objectif : démocratiser l’offre.

La « plus grande halle bio d’Europe » a vu le jour dans le bâtiment D6, un pavillon HQE fait de bois et de métal, couronné d’un toit blanc pour limiter les déperditions d’énergie. Certes du bio, il y en avait déjà parmi les 1,6 millions de tonnes de produits alimentaires vendus sous ses halles. Mais jamais réunis sous un seul et même toit. « Il y avait déjà 70 entreprises qui faisaient du bio mais aucune n’était connue pour faire du 100% bio. Alors j’ai décidé à mon arrivée de proposer une offre nouvelle supplémentaire qui serait plus lisible », explique Stéphane Layani, le pédégé de la Semmaris, qui gère le marché de Rungis (Val-de-Marne). Ainsi, restaurateurs, commerçants de marché ou de ville qui souhaitent proposer une offre totalement bio n’auront plus à arpenter les étals pour dénicher les produits qu’il leur faut.

Dans la halle se côtoieront Pronatura et Dynamis, spécialistes des fruits et des légumes bios mais aussi Di Spé Ré Bio et Maison Bio Sain pour l’épicerie fine, BioVive pour les produits laitiers, ABC Provence pour les produits de producteurs ou encore Parigovino, pour le vin. Tandis qu’une cafétéria et un restaurant (bio toujours) seront ouverts au public. Pour la plupart, les acteurs sont nouveaux venus à Rungis : « Il ne s’agissait pas de soustraire mais d’additionner l’offre », souligne Stéphane Layani. Pour les commerçants, c’est une aubaine. « Nous, on cherche à écouler les produits au plus proche des bassins de production. L’Ile-de-France est un nœud logistique, c’est normal qu’on s’y installe », estime ainsi Lionel Wolberg, pédégé de Pronatura qui occupe 50% de la halle.

Que Rungis, qui alimente chaque année 18 millions de consommateurs, se mette au bio est un symbole fort. « Aujourd’hui, le bio marche très bien dans la grande distribution. Carrefour, Auchan, etc. sont les héros du bio. Il y a aussi les réseaux spécialisés, les Biocoop, Bio c’Bon. Restent les circuits plus traditionnels : les commerces de ville, les marchés qui peinent davantage à offrir du bio. Nous, on veut libérer tout ça. L’offre bio aujourd’hui n’est pas suffisamment abordable. Augmenter l’offre, c’est faire pression sur les prix. » Aussi l’homme entend-il carrément doubler l’offre à Rungis en cinq ans. « Il me semble naturel que le ventre de Paris alimente les Franciliens – et pas qu’eux – avec des produits qui respectent l’environnement », poursuit-il. « Rungis, c’est la mecque de l’alimentation. Les produits bios sont en vogue (+20% entre 2012 et 2014, selon l’Agence bio, ndlr). Leur consommation augmente à chaque scandale sanitaire : la viande de cheval, le foie gras et la grippe aviaire, le poisson pourri… Il y a aussi une augmentation de l’offre dans la restauration commerciale et le snacking. Les cantines qui s’y mettent… Les marchés en vogue sur la région parisienne se tournent vers le bio. Rungis deviendra rapidement le numéro 1 du bio en Europe ! », promet Lionel Wolberg.