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Jetable/rechargeable : la guerre des piles
vendredi, 11 janvier 2008 / Louise Allavoine

Chaque année en France, près d’un milliard de piles sont vendues, mais 700 millions ne sont pas recyclées. Pourtant, il existe une alternative à la pile jetable : la rechargeable. Uniross, numéro un en Europe des batteries rechargeables [1] a comparé les deux modèles. Entretien avec son pédégé Christophe Gurtner.

Comment les Français consomment-ils de la pile ?

Les jetables constituent l’essentiel du marché hexagonal. Car c’est ce qu’on trouve majoritairement dans les chaînes de magasins. Les rechargeables représentent, elles, moins de 5% des volumes vendus, essentiellement par manque d’offre, par manque d’information du grand public. Au niveau européen, la France se situe en milieu de tableau. Nous consommons plus de piles rechargeables que les pays du Sud de l’Europe mais moins que ceux du Nord, notamment la Scandinavie, le Benelux ou l’Allemagne. Leur niveau de connaissance et d’éducation au rechargeable est infiniment plus fort.

Qu’est-il ressorti de l’étude que vous avez commandé comparant la pile rechargeable et la pile jetable ?

Il nous semblait important de prouver de façon chiffrée que le rechargeable est techniquement, économiquement et environnementalement [1] plus intéressant. Nous avons donc mandaté un cabinet de conseil spécialisé dans le domaine de l’environnement (Bio Intelligence Service, ndlr.) pour réaliser une étude d’impact [2]. Première conclusion : le rechargeable fonctionne aussi bien que le jetable dans la plupart des applications. Et deuxièmement, l’impact environnemental de l’alcaline (jetable) est considérable : jusqu’à 32 fois plus de pollution et de déchets qu’une pile rechargeable. Chaque fois que vous achetez des piles jetables, vous participez à l’appauvrissement des ressources naturelles. Avec la rechargeable, vous rechargez, vous rechargez, et au final, vous n’utilisez des matières premières qu’une seule fois. Je pourrais également parler de la pollution de l’eau, de la pollution de l’air...

La pile rechargeable étant plus chère à l’achat, en combien de temps est-elle amortie ?

Si elle est plus chère à l’achat, c’est qu’elle est plus chère à fabriquer. Ça donne un prix public de 15 euros en moyenne pour quatre piles. Tandis que quatre alcalines à marque coûtent 5 à 6 euros. Donc, l’amortissement se fait en trois décharges (cinq si vous devez vous équiper d’un chargeur). A partir de là, vous économisez des centaines d’euros par an. Comme une pile rechargeable dure jusqu’à 500 charges-décharges, ce sont trois à cinq ans de tranquillité. En outre, dans les appareils consommant beaucoup d’énergie comme les lecteurs MP3 ou les appareils photo numériques, la rechargeable dure cinq fois plus longtemps que la jetable.

Est-il vrai qu’on ne peut pas utiliser les piles rechargeables dans tous les appareils électriques ?

Elles sont utilisables dans quasiment tous. Mais il y a un certain de nombre de produits, notamment les jouets, sur lesquels il est écrit de ne pas s’en servir. Ça tient plus de la position de fabricants de jouets que de raisons techniques. Et c’est parce qu’une des principales causes de retour ou de réclamations clients est de dire : "Mais la pile que vous avez livrée ne marche pas." Pourquoi ? Parce que les piles rechargeables, lorsqu’elles sont livrées, ne sont pas chargées. Beaucoup de consommateurs ne le savent pas et se retournent vers les service après-vente. Par ailleurs, le prix public des rechargeables étant plus élevé que celui des jetables, cela a un impact sur le prix du jouet.

Propos recueilli le 9 janvier 2008.

Le site d’Uniross : Rechargeons la planète

Pour consulter l’étude cliquez ici (PDF)

Lire aussi : L’objet qui tue : la pile

[1] Carte d’identité : Uniross, leader européen des batteries rechargeables, fabrique et commercialise piles, accumulateurs et chargeurs pour le grand public et pour les marchés industriels qui équipent l’électronique nomade.

Fondée en 1968 à Bristol en Grande-Bretagne, l’entreprise est acquise par une filiale d’Alcatel puis rachetée par ses dirigeants en 2001. Son siège est transféré en région parisienne.

Effectifs : 750 employés (la moitié en Asie, le quart en Europe et le reste en Afrique et aux Etats-Unis)

Chiffre d’affaires : 95 millions d’euros en 2007 dont 85% à l’international.