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Métropole Position (épisode 5)
mercredi, 2 janvier 2008 / Karen Bastien /

Rédactrice en chef du magazine et des éditions papier de "Terra eco"

Fred a tout perdu. Tout son crédit de droits à polluer. Le jeune et brillant architecte découvre ce qu’est une vie sans quota de CO2. Pour s’en sortir, il doit réaliser un gros coup lors du 25e Concours international de la ville durable. Bienvenue en 2078.

(Episode 5 - Ecrit en collaboration avec l’association d’architectes Et alors  ?)

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Aller à la rencontre des réfugiés climatiques n’était pas simple. La plupart, d’origine asiatique, ne parlaient pas le français. Chassés de leurs habitations par la montée des eaux, ils venaient principalement de Canton, Shangai, Tokyo, Hongkong ou encore Bangkok. Comme l’avait prédit l’Organisation de coopération et de développement économiques au début des années 2000, les inondations touchaient désormais plus de 130 villes dans le monde et avaient provoqué 24 000 milliards d’euros de pertes en biens et en infrastructures. Fred avait finalement déniché l’adresse d’une association dirigée par Hanzou, ancien trader de la bourse de Shangai, qui accueillait les réfugiés climatiques.

Les digues et les barrières fluviales qui ont fleuri un peu partout dans le monde ces trente dernières années n’ont fait que freiner un mouvement irréversible. Même si nous avons eu le temps de nous préparer à cette migration forcée, le débarquement dans une nouvelle culture constitue un choc, raconta le trentenaire.

Comment vous aider alors à mieux vous acclimater à cette “ deuxième ” vie ?, interrogea Fred, inquiet.

En Asie, la nature fait partie intégrante de notre quotidien, de notre religion, de notre philosophie de vie. La voir se retourner contre nous nous a traumatisés. Alors maintenant, l’idéal serait que, grâce à notre futur habitat, elle nous pardonne ce que nous lui avons fait subir pendant tant d’années, lâcha Hanzou.

La discussion avait plongé Fred dans des abîmes de questionnements. Son ami Marc avait raison, il allait devoir initier une véritable révolution culturelle s’il voulait gagner ce concours international d’architecture. Car le malaise était profond. La tâche était immense. Pour se remettre les idées en ordre, une seule solution : dresser un état des lieux complet des dernières recherches en termes d’écoconstruction et d’énergie. Un mail aux Wikiboys et l’aventure pouvait démarrer. Fred ne pouvait plus se passer des services de ce groupe d’étudiants constitués une dizaine d’années auparavant.

Ces jeunes arrondissaient leurs fins de mois en faisant à la demande des recherches spécifiques sur le Net. La masse d’informations disponibles sur la Toile était en effet devenue telle que les moteurs de recherche étaient dépassés. Même les célèbres algorythmes de Google avaient déclaré forfait. Sentant le vent tourner, la boîte californienne s’était, de toutes façons, reconvertie en productrice de technologies vertes dès le début du XXIe siècle. Le moteur de recherche Internet était devenu un moteur de véhicules hybrides… Ironie de l’histoire, l’humain avait finalement repris le dessus sur la technologie. Enfin pour ceux qui pouvaient s’offrir ce service. Car pour disposer des « faveurs » des Wikiboys, mieux valait avoir un compte en banque bien garni.

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