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Et un livre, ça pèse combien en CO2 ?
jeudi, 27 décembre 2007 / Albert de Pétigny /

Papa de 3 enfants, éditeur de livres pour la jeunesse, je me sens concerné de très près par l’évolution de nos sociétés. A bientôt 40 ans, je reste persuadé que nous avons entre nos mains les moyens de changer le monde... Mais pour combien de temps encore ?

Le point de vue d’un habitué des salons du livre au sujet de la schizophrénie de certains éditeurs qui n’hésitent pas à publier des ouvrages sur l’environnement... en les imprimant à l’autre bout de l’Asie. A côté d’eux, de petits éditeurs qui se battent pour rester cohérents d’un bout à l’autre de la chaîne.

Présent sur le salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, j’ai croisé Elka, une jeune maison d’édition qui s’est spécialisée depuis trois ans sur les thématiques de l’environnement du développement durable et du commerce équitable à l’intention des 8-14 ans avec des titres tels que :

Non seulement ces livres sont bien écrits, riches en données chiffrées et pertinents dans leur approche, mais ils sont également très bien réalisés : imprimés sur papier recyclé, à quelques kilomètres des lieux de stockage, avec des encres végétales et un vernis sur base aqueuse. Elka représente à mes yeux le futur de l’édition : des maisons en parfaite cohérence entre le contenu de leurs livres et leurs méthodes de fabrication.

Auteur-éditeur : une relation d’influence ?

Mais hélas, il n’existe pas de label pour la cohérence entre ligne éditoriale et méthodes de fabrication. Greenpeace a bien tenté l’opération "Plumes vertes", mais celle-ci passe par les auteurs. Et que peut réellement un auteur face une maison d’édition ? Combien d’entre eux sont en mesure d’imposer leurs souhaits ? Il suffit de regarder le nombre de livres qui sortent chaque année, de voir le nombre de manuscrits en circulation pour comprendre que seuls les auteurs déjà bien implantés (et encore) peuvent influencer le mode de fabrication dominant chez un éditeur.

C’est à l’acheteur que revient in fine le choix de décoder - ou non - les informations généralement inscrite en deuxième ou troisième de couverture. C’est là en effet que se trouvent indiqués le lieu d’impression et quelque fois le type de papier. Qu’un livre sur les grosses cylindrées japonaises soit imprimé sur couché brillant, et que son empreinte écologique soit à la hauteur des modèles qu’il renferme semble cohérent. Mais qu’un ouvrage sur l’environnement voyage plusieurs milliers de kilomètres avant d’arriver en librairie devrait amener l’éditeur à se questionner sur la cohérence entre sa politique édoriale et ses méthodes de fabrication.

Le site de la maison d’édition Elka

Greenpeace et son opération "plumes vertes"