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Réduire nos déchets : "Y’a du boulot !"
mercredi, 7 novembre 2007 / Louise Allavoine

Le dossier déchets, c’est du lourd pour Yves Pageot, responsable de la délégation des Pays de la Loire de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie. Mais il reste positif, car les comportements changent et on tend peu à peu vers "plus d’éthique et d’écologique".

Comment évolue la production de déchets en France ?

La quantité globale de déchets continue d’augmenter : elle a doublé en quarante ans pour atteindre 28 millions de tonnes en 2004. La quantité générée par personne, elle, se stabilise depuis deux ou trois ans. On est à 360 kilos par personne et par an si l’on ne considère que les déchets récoltés, 410 à 430 kilos si l’on y ajoute les déchets en apport volontaire, en déchèteries par exemple. Le ministère a posé un objectif de 40 kg en moins dans nos poubelles en 2010 et de 90 kg en moins en 2015. Il y a du boulot !

Quels sont les enjeux de la réduction des déchets ?

Le problème des déchets est triple. D’une part, nous consommons trop de matières. Ces dernières se raréfient, créant des tensions sur l’acier, le bois et le pétrole bien sûr. D’autre part, les déchets polluent. Je pense aux solvants ou aux produits toxiques contenus dans la peinture par exemple. Les décharges et incinérateurs générent des pollutions visuelles, aériennes et olfactives. Enfin, les déchets sont générateurs de pollution associées. Ce qui signifie que pour les traiter, il faut les transporter, utiliser des camions qui brûlent du carburant, qui émettent des gazs à effet de serre et ainsi de suite.

Les emballages plastiques représentent une part importante de nos déchets. Quels sont les gestes à adopter pour diminuer leur impact ?

Acheter sa salade en vrac plutôt qu’en sachet, une bouteille de shampoing d’un litre plutôt que cinq bouteilles de 200 ml, des produits sans emballage, du savon plutôt que du gel douche, boire de l’eau du robinet plutôt qu’en bouteille, adopter le cabas pour transporter ses courses, choisir des produits recyclables ou qui durent plus longtemps, acheter des produits écolabellisés dont le cycle de vie (de l’extraction des matières premières à l’élimination) a un impact moindre sur l’environnement... etc.

On incite le consommateur à choisir des produits à la fois respectueux de l’environnement, issus d’un commerce équitable, peu énergivores, qui générent peu de déchets... C’est beaucoup. C’est compliqué. Ne serait-il pas plus simple d’obliger les industriels et les distributeurs à ne proposer que ces éco-produits ?

On pourrait. Mais c’est une machine lourde, difficile à bouger. Il y a tout un système politique à mettre en branle. Il y a des lobbies à combattre. Et puis nous sommes dans un système économique où l’emploi est lié à la croissance. Toute nouvelle contrainte sur ce système est considérée comme une barrière à l’emploi. Et si le client n’est pas prêt à acheter des éco-produits, une démarche qui obligerait les entreprises à en produire serait vaine. Mais ça avance doucement. On tend vers plus d’éthique et d’écologique. Aujourd’hui, il existe beaucoup de produits écolabellisés, qui intégrent le coût de leur impact écologique. Et ça ne veut pas forcément dire qu’ils sont plus chers. On peut tout à fait s’y retrouver.

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