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Monsanto n’en a pas fini avec Terminator
jeudi, 11 septembre 2003
/ Walter Bouvais / Cofondateur et directeur de la publication du magazine Terra eco et du quotidien électronique Terraeco.net Suivez-moi sur twitter : @dobelioubi Mon blog Media Circus : Tant que dureront les médias jetables |
La multinationale Monsanto affirme avoir abandonné ses recherches sur les graines Terminator. Les faits montrent l’inverse.
Une série de tribunes publiées cet été 2003 dans la presse française (La Croix, Libération) au sujet des OGM, ont donné lieu à des droits de réponse péremptoires des dirigeants de la filiale hexagonale de Monsanto. "La technologie Terminator n’a jamais appartenu à Monsanto", affirme notamment la direction dans les colonnes du quotidien La Croix du 29 juillet dernier.
Pour mémoire, Terminator est le surnom d’une technique de manipulation génétique, qui permet de rendre une plante stérile après sa première germination. Conséquence, les agriculteurs qui sèment des graines de type Terminator sont contraints de racheter chaque année leur lot de semences, dont les rendements seraient prétendument supérieurs à ceux des graines classiques. Pourtant, depuis la nuit des temps, les paysans ont toujours replanté les graines de la récolte précédente. Mise au point par le département américain de l’agriculture (USDA) et une société américaine, Delta & Pine Land, qui en possède plusieurs brevets, cette technologie a suscité une gigantesque polémique il y a 5 ans. C’est d’ailleurs cette dernière qui a fait connaître la multinationale américaine Monsanto par le grand public.
Affirmer que Monsanto n’était pas "directement" concerné par Terminator est doublement inexact. En premier lieu, selon les informations d’une ONG canadienne ETC Group, vérifiées par Terra economica auprès de la direction de Monsanto France, l’entreprise a bien déposé en 1997 un brevet pour une technologie de type Terminator, sous le numéro WO9744465. Ce brevet, intitulé "méthode de contrôle de la germination des graines", a ensuite été abandonné, comme l’indiquent les registres de l’Office européen des brevets de la fin de l’année 1999.
Pour autant, et c’est la deuxième inexactitude relevée dans les affirmations de Monsanto, la firme de Saint-Louis (Missouri) n’a absolument pas abandonné le concept de graines Terminator. Celles-ci portent également le nom de "V-GURT" (GURT, pour Genetic Use Restriction Technology). Or l’International Seed Federation (ISF), qui regroupe notamment les plus grands semenciers du monde, a adopté en juin 2003, à l’unanimité des membres de son assemblée générale - y compris Monsanto - une position favorable au développement des V-GURTs, donc de la techonologie Terminator. Cette position était inspirée d’un papier écrit par deux chercheurs. Le premier, Harry B. Collins, est membre de la société américaine Delta and Pine Land, détentrice on l’a vu, de plusieurs brevets de gènes Terminator. Le second, Roger W. Krueger, préside le Comité pour le développement agricole durable de l’ISF. Et travaille... pour la société Monsanto, dont il occupe le poste de responsable "stratégie" et "qualité" de la division semences.
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