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Automobile et environnement sont-ils compatibles ?
mercredi, 25 juillet 2007 / Alice Audouin /

Responsable développement durable en entreprise, auteure du roman "Ecolocash" (Anabet) en cours d’adaptation au cinéma, de "La Communication Responsable" (Eyrolles) et présidente de l’association COAL, la Coalition art et développement durable, qui organise le Prix COAL Art & Environnement.

Pour le savoir, notre amie Alice Audouin a interrogé Alice de Brauer, directrice du Plan Environnement Renault, qui défend une approche frugale de l’automobile. Extraits.

Alice Audouin - Tu diriges l’environnement chez Renault depuis dix ans, et les résultats de ton travail sont aujourd’hui dans tous les médias.

Alice de Brauer - Je me suis engagée dans l’environnement pour Renault en 1995, j’ai commencé par le management de l’environnement pour les sites industriels et tertiaires et tous les métiers associés. A partir de 2001, Renault m’a confié l’élargissement à l’ensemble du périmètre, c’est à dire aux voitures. Je travaille sur le fond, sur l’amélioration de l’existant avant tout, et la pub n’est là aujourd’hui que pour valoriser des actions concrètes.

Elles sont bien sûr critiquables, mais ne sont pas opposables, car quantifiés et vérifiables.

Pourquoi avoir lancé Renault eco2 ?

Renault eco2 est l’ouverture d’un dialogue sur nos résultats en matière d’environnement, à partir de trois critères clés faciles à comprendre : la voiture a été fabriquée dans une usine qui a baissé ses impacts et qui est reconnue pour son management avec la norme ISO 14001, c’est une voiture qui émet moins de 140g de CO2 au kilomètre parcouru ou qui fonctionne avec des biocarburants et enfin, c’est une voiture qui non seulement a été conçue pour être recyclée et valorisée en fin de vie à 95% mais qui contient d’ores et déjà au moins 5% de matière plastique recyclée.

Ton action est-elle une simple conformité avec la réglementation en cours ou à venir ?

La réglementation aujourd’hui ne touche aucun de ces trois domaines en ces termes pour ce qui concerne une voiture. Mais bien sûr ce sont des domaines écologiquement fondamentaux et qui sous une forme ou sous une autre feront sûrement l’objet de règlementation pour la mise sur le marché des produits. Les auto déclarations selon les normes ISO 14025 sont reconnues comme une étape possible vers des labels écologiques. Pour les voitures, il n’existe pas encore de label normatif qui pourrait être délivré par des organismes extérieurs. Le produit est en effet complexe et l’ensemble des banques de données ne sont pas encore agréées par tous.

Voiture et environnement, penses-tu que ce soit compatible ?

Oui, mais le chemin sera difficile, car il va remettre en cause bien des habitudes pour concevoir les voitures mais aussi pour les utiliser. Il faut se préparer aux nouvelles énergies, biocarbuants, gaz naturel, électrique et hydrogène. Mais il faudra du temps pour que ces énergies alternatives prennent une grande part de l’utilisation de l’énergie. Aujourd’hui l’hybride a un coût à la tonne de CO2 économisé qui est exorbitant, donc cela ne va pas se diffuser rapidement, à moins d’une subvention pharaonique.

Or, pour l’écologie, il y a urgence, donc il faut progresser clairement sur la frugalité en matière de consommation de carburant. Aujourd’hui la moyenne du marché en Europe est à 160g CO2/km, demain il faudra baisser, 130, puis 120... nous voulons tirer le marché dans ce sens. Sais-tu qu’en trois générations de voitures nous avons diminué de 30% la consommation de carburant ?

Il faut également progresser sur tous les impacts sur le cycle de vie, comme les émissions de particules ou le bruit émis par la voiture.

...La suite de l’interview, à lire sur 2050 (juillet/août 2007).

Le blog d’Alice Audouin : Alice in Warmingland

Lire également le dossier de Terra Economica : Quel avenir pour l’automobile ?