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Manifestons-nous pour un climat de paix !
samedi, 28 novembre 2015 / Maxime Combes /

Economiste et membre d’Attac France, il est l’auteur de Sortons de l’âge des fossiles (Seuil, 2015).

Pour l’économiste Maxime Combes, « là où le gouvernement aurait dû accompagner la nécessaire riposte policière par plus de démocratie, il répond par la restriction des libertés individuelles fondamentales en interdisant les manifestations autour de la COP21 ».

Maxime Combes est économiste, membre d’Attac France et auteur de Sortons de l’âge des fossiles (Seuil, 2015).

Frappés, choqués, tristes, nous l’avons toutes et tous été devant la haine aveugle et meurtrière qui a frappé Paris le 13 novembre dernier. C’est notre droit à la convivialité, à la civilité, à l’art, à une vie libre qui a été touché, toutes choses que ces tueurs veulent éradiquer au nom d’une vision fanatisée de la religion. A l’épouvante et au sentiment de révolte qui se sont emparés de nous le soir des attentats, à l’émotion et à la tristesse qui les ont immédiatement suivis, au besoin de se recueillir et d’exprimer notre solidarité envers les blessés et familles de victimes, il est urgent d’y ajouter notre détermination à continuer à circuler, à nous divertir, à nous réunir. A vivre.

L’arbitraire règne

Là où le gouvernement aurait dû accompagner la nécessaire riposte policière par plus de démocratie, plus d’ouverture et plus de tolérance, il répond par la guerre sans limite et la restriction des libertés individuelles fondamentales. L’Etat d’urgence, prolongé de trois mois, justifie aujourd’hui l’interdiction de toutes les manifestations, de Paris à Périgueux, de Marseille à Chambéry, et l’assignation à résidence de nombreux militants du climat, injustement amalgamés à des terroristes en puissance. L’arbitraire règne. On interdit les mobilisations citoyennes sur la voie publique mais on autorise les marchés de Noël. Impossible d’organiser un grand rassemblement dans un stade, mais les matchs de football ont repris leur cours.

Basculer dans un régime d’exception permanent, mettre la démocratie en veilleuse, vouloir faire taire les voix dissonantes, c’est prendre le risque de brader nos libertés pour une sécurité factice et oublier que la sécurité est indissociable des libertés publiques. La période est dure, déstabilisante, éreintante. C’est sûr. Mais c’est d’une société consciente, active et mobilisée dont nous avons besoin pour assurer la pérennité de la vie démocratique. De la vie tout court. Pour vivre dans un monde où il fait bon vivre, en sécurité, sur une planète préservée, au réchauffement climatique limité.

Déclarons l’Etat d’urgence climatique !

Sur les dix mois les plus chauds enregistrés depuis 1880, sept appartiennent à l’année 2015, selon l’Agence américaine océanique et atmosphérique (NOAA). L’urgence climatique se conjugue au présent : un nouveau record mondial d’émissions de gaz à effet de serre (GES) a été atteint en 2014 et pourtant la COP21 va entériner une augmentation de plus de 10% des émissions de GES d’ici à 2030, planifiant un réchauffement climatique supérieur à 3°C (voir un résumé de l’étude de l’ONU ici). Trois degrés de réchauffement climatique, ce n’est pas une planète vivable. C’est une planète où les déséquilibres géopolitiques déstabiliseront nos sociétés, où des centaines de millions de personnes ne pourront pas se nourrir correctement et vivre dignement.

La période est dure, mais nous n’avons pas le droit de nous résigner. Plus que jamais, nous les habitant-e-s de cette Terre, devons nous faire entendre en parallèle de la COP21. De Melbourne (60 000 manifestants ce vendredi) à São Paulo, de Durban à Londres, des centaines de milliers de personnes marcheront ce dimanche 29 novembre. De façon innovante, soyons également mobilisés à Paris et dans les autres villes de France. Pour la justice climatique, pour la paix, manifestons-nous, sous des formes diverses et variées pour marquer notre détermination à ne plus jamais rien lâcher.

A Paris, nous formerons une chaîne humaine sur les trottoirs entre place de la République et Nation, sur le boulevard Voltaire en passant par le Bataclan et la rue de Charonne. Parce que là aussi, c’est un climat de paix qui permettra de panser les plaies. (détails ici)