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CO2, à la taxe !
mercredi, 25 novembre 2015 / Cécile Cazenave

Taxer le carbone : un enjeu sur lequel tous les économistes s’accordent. Reste à savoir comment. C’est là que les choses se compliquent.

Chacun a sa recette. Et les empoignades ne sont pas rares sur le sujet. Mais pas un économiste qui n’admette que la tarification du carbone est l’un des leviers indispensables à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Dans l’arsenal fiscal qui permet d’appliquer le principe du pollueur-payeur à grande échelle, la taxe carbone est une arme de choix. Elle repose sur l’idée que la consommation d’énergie non renouvelable entraîne une pollution et des nuisances qui ont des coûts pour la société. Il s’agit de leur donner un prix, dissuasif à terme. Aujourd’hui, d’après la Banque mondiale, près de 40 pays dans le monde et plus de 20 villes ou territoires ont déjà mis en place une tarification du carbone. Difficile de les comparer entre eux. « La pertinence du taux de taxation dépend du niveau économique de la population, de la place des énergies fossiles dans le mix énergétique du pays et de la présence ou non d’alternatives », explique Lorelei Limousin, responsable des politiques climat-transports au sein du Réseau action climat. La Suède est néanmoins souvent citée en exemple. Sa taxe, mise en place en 1991, atteint aujourd’hui 155 euros par tonne de CO2. Elle est prélevée sur l’utilisation des combustibles fossiles pour l’industrie, le chauffage et les transports, et calculée selon le contenu carbone de chaque type de combustible. Toujours d’après la Banque mondiale, cette taxe – parmi les plus élevées au monde – a largement participé à la diminution des émissions totales de gaz à effet de serre du pays, qui ont chuté de 16% entre 2000 et 2012, alors que le PIB global a grimpé d’environ 30%.

En France, en juillet, la loi sur la transition énergétique a fixé à 100 euros en 2030 le montant de la contribution climat-énergie, notre taxe carbone sur la consommation de carburants, de charbon, de gaz ou de fuel. Les ONG espéraient un tel objectif mais militent désormais pour que le tarif dans les années à venir soit d’ores et déjà inscrit, de manière ambitieuse mais progressive, dans les futures lois de finances, et que les recettes soient versées en priorité aux ménages en situation de précarité énergétique, puis investies dans les énergies alternatives. —