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Dépenses adultères
mercredi, 6 juin 2007 / M. Euro /

Je suis banquier depuis quelques années. Ce métier me donne l’occasion de voir les gens et le monde sous un autre jour ?

Chaque semaine, M. Euro, banquier de son état, nous racontera - avec intérêts - la vie de son agence. En effet, là s’y jouent nombre de scènes symboliques de notre monde économique.

Je suis banquier ; je suis un commerçant atypique qui peut savoir beaucoup de choses sur vous pour peu que j’en prenne le temps. Grâce à votre carte bancaire et à votre chéquier, je sais où vous êtes, où vous allez et ce que vous faites. Un plein d’essence, un péage, un restaurant ou vos courses au supermarché … Rien ne m’échappe. Mais est-ce là une raison pour oublier toute pudeur ?

La semaine dernière, Mr Elefant s’est présenté pour que je lui ouvre un compte ; au bout de dix minutes, il m’expliquait qu’il allait s’en servir pour ses dépenses adultères et qu’il voulait recevoir ses relevés à l’agence ; au bout de quinze minutes, je l’ai coupé quand il a commencé à aborder le chapitre sexualité.

Fruit du hasard, la même semaine, j’ai eu le droit à ma première demande de divorce en direct dans mon bureau ; plutôt animé le spectacle : règlements de compte, cris, pleurs … C’était gênant d’être face à ce couple de trentenaires en train de se déchirer, mais ça l’est devenu bien plus quand j’ai commencé à être pris à parti pour commenter les factures de téléphone de l’un et les achats de vêtements de l’autre. Ambiance garantie !

Et que dire de ce matin : je téléphone à un client à 8h45, il décroche et me répond le plus naturellement du monde qu’il est sur le trône et qu’il me rappellera plus tard. De grâce, ce n’est pas parce que je peux voir votre intimité qu’il faut forcément m’y introduire.