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Avant la COP21, voici comment la France peut montrer l’exemple
lundi, 7 septembre 2015
/ Hélène Gélot
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Quand on est hôte de la conférence pour le climat, dresser la table pour accueillir les dirigeants étrangers ne suffit pas : il faut être exemplaire, scandent en chœur six ONG qui ont récemment présenté un arsenal de bonnes idées.
« La transition énergétique est en marche dans le monde, mais la France accumule les retards », estime Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France. « On rappelle que les engagements pris lors de la COP21 valent pour après 2020. Là, on est en 2015 et il y a des choses à faire maintenant », commente Morgane Créach, directrice du Réseau action climat France (RAC). Avec les Amis de la Terre, la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB), WWF-France et Oxfam France, les deux ONG ont formulé il y a quelques jours à Paris les cinq mesures que la France devrait adopter sans attendre, avant même la COP21. Les voici, déclinées en chiffres-clés.
720 éoliennes et 8 km2 de panneaux solaires photovoltaïques
C’est, en moyenne, ce que la France doit mettre en place chaque année, selon Greenpeace France. Et ce afin de respecter ses objectifs de porter à 23% la part des énergies renouvelables dans la consommation finale brute d’énergie en 2020, et à 32% en 2030. « L’Ademe (Agence de l’environnement et de la maitrise de l’énergie) l’a récemment montré dans une étude : 100% d’énergies renouvelables pour l’électricité, c’est possible en 2050, à un coût comparable aux autres scénarios, signale Jean-François Julliard. C’est non seulement faisable techniquement, souhaitable économiquement et nécessaire du point de vue de l’environnement. » Selon les ONG, l’Etat doit pour cela doubler son rythme d’installations dans l’éolien et le solaire, mais aussi se désengager petit à petit de nucléaire, qui « est un véritable verrou » à la transition énergétique en France, dixit Jean-François Julliard.
1,3 milliard d’euros
C’est le montant investi par l’Agence française de crédits à l’exportation, la Coface, dans des projets de centrales à charbon. Lors de la dernière conférence environnementale, en novembre, François Hollande annonçait qu’il supprimerait tous les soutiens délivrés par cette agence « dès lors qu’il y aurait utilisation du charbon ». Puis, en février, le Premier ministre, Manuel Valls, précisait que cet engagement s’appliquerait à tous les projets de centrales, exceptés ceux équipés d’un dispositif opérationnel de capture et de stockage du carbone. « Depuis, le gouvernement est toujours en train de tergiverser, commente Diane Simon, directrice des programmes de conservation à WWF-France. Si cette mesure est repoussée à 2020 ou 2030, ce sera trop tard pour limiter le réchauffement climatique à 2 degrés. » Les ONG appellent le gouvernement à cesser son soutien au charbon, par l’intermédiaire de la Coface, mais aussi via les entreprises dont elle est actionnaire. Lucie Pinson, chargée de campagne aux Amis de la Terre, rappelle que EDF et Engie (ex-GDF-Suez) possèdent à elles seules 46 centrales à charbon dans le monde et prévoient d’en construire plus. Or, l’Etat est l’un des actionnaires principaux de ces deux entreprises : à hauteur de 84% pour EDF et de 33% pour Engie. « L’Etat se doit d’assumer son rôle d’actionnaire », estime Lucie Pinson.
6 à 10 milliards d’euros
C’est la somme que pourrait générer la France grâce à une taxe sur les transactions financières, d’après la Commission européenne. Selon Oxfam France, la majeure partie de cette somme pourrait être consacrée aux aides pour les pays émergents. « A Copenhague, en 2009, les pays riches s’étaient engagés à mobiliser 100 milliards d’euros par an d’ici à 2020 pour aider les pays en développement, rappelle Nicolas Vercken, directeur du plaidoyer et des études à Oxfam France. Or, on n’en est pas au tiers aujourd’hui ! C’est pourtant aux pays riches d’aider les pays émergents à tenir un développement faible en carbone et à s’adapter aux conséquences du changement climatique. » Oxfam France propose ainsi de réinvestir au moins un quart de la recette issue de la taxe au fonds vert pour le climat, ce qui permettrait de financer les projet actés lors de la COP21. Un autre quart devrait être destiné au fonds mondial pour la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.
10 euros de plus pour la tonne de CO2 en 2016
C’est l’augmentation préconisée par le RAC sur la contribution climat-énergie. Cette taxe, issue de la loi de finances 2013 et appliquée depuis avril 2014, donne un prix aux énergies fossiles en fonction de leur contenu en dioxyde de carbone, afin d’inciter à diminuer leur consommation. Elle s’élevait à 7 euros par tonne de CO2 en 2014, 14,5 euros en 2015, puis 22 euros en 2016. « Ce taux est tellement faible qu’il ne changera pas les comportements, assure Morgane Créach. De plus, la diminution du prix du pétrole annule ses effets. Le gouvernement doit s’engager, dans sa prochaine loi de finances, à augmenter ce prix de 22 à 32 euros en 2016, 39,50 euros en 2017 puis 47 euros en 2018. » Le RAC demande aussi à ce que les transports aérien et routier, ainsi que l’électricité ne soient plus exonérés de cette taxe.
200 millions d’euros
C’est le montant que devrait investir l’Etat dans un appel à projet vélo national dédié aux collectivités, selon la Fédération française des usagers de la bicyclette. « Dans une ville moyenne, un réseau cyclable coûte environ 20 millions d’euros, à peine 10 euros par habitant », calcule Bernadette Humeau, vice-présidente de la FUB. Qui invite également le gouvernement à publier sans plus attendre le décret d’application de l’indemnité kilométrique vélo, une mesure qui prévoit une rémunération des salariés qui se rendent au travail à vélo. Or, le décret précisant la date d’application – et le montant – n’a toujours pas été publié.