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Mon voisin investit dans une start-up
jeudi, 16 juillet 2015 / Léa Lejeune

WiSEED, SmartAngels, Anaxago… Plusieurs plates-formes de crowdfunding equity aident les particuliers à placer leurs économies dans de jeunes boîtes innovantes.

Economie collaborative - Les business angels (investisseurs providentiels) n’ont qu’à bien se tenir. Des plate-formes de crowdfunding d’un genre nouveau marchent sur leurs plates-bandes. Rien à voir avec Kisskissbankbank, le leader français dans le domaine du don. Elles gèrent l’investissement au capital des start-up, celui de particuliers soucieux de placer leurs économies de manière utile.

La première plate-forme de « crowdfunding equity », WiSEED, a été créée en 2008 à Toulouse. « On a essuyé les plâtres », résume Stéphanie Savel, sa nouvelle présidente. Depuis, 55 start-up ont été financées grâce à ses 48 000 contributeurs. Sa force ? WiSEED est spécialisée dans des domaines avec une plus-value sociale : les biotechs, les clean tech, l’économie sociale et solidaire et la transition écologique. Surtout, elle donne la possibilité aux internautes de miser des petits tickets de 100 euros, là où ses concurrents réclament un minimum de 1 000 euros.

WiSEED marque aussi des points dans l’accompagnement. « Les fondateurs, Thierry Merquiol et Nicolas Sérès, ont dirigé pendant huit ans l’incubateur de Midi-Pyrénées, poursuit Stéphanie Savel. Ils choisissent les projets qu’on soutient avec la même sélectivité (20 sur les 1 000 dossiers reçus en 2014, ndlr), puis ils accompagnent les boîtes après la levée de fonds, grâce à une équipe de 18 personnes, dont des experts marchés. » A l’arrivée, une plate-forme qui s’affiche plus pro que les business angels… qui œuvrent souvent en bénévoles.

Cibles manquées

Mais les résultats de WiSEED sont encore mitigés : trois des entreprises montées ont finalement été liquidées. Heureusement, la quatrième a donné lieu à une sortie positive du capital. Il s’agit d’Antabio, qui lutte contre la résistance aux antibiotiques. Ses fondateurs ont dû faire appel au crowdfunding en 2010, soit un an après sa création. « On avait besoin de fonds pour booster son développement, mais on n’avait pas trouvé preneurs, c’était une alternative acceptable », raconte Aymeric Dugray, son directeur général.

Ils ont levé 309 000 euros grâce à 200 actionnaires avec une seule condition : une holding devait rassembler l’ensemble des porteurs pour qu’ils ne soient représentés que par un seul porte-parole. Comment ont-ils convaincu des gens comme vous et moi de participer ? « Tout le monde peut comprendre ce qu’on fait, participer à un tel projet a une image valorisante », précise l’entrepreneur. Et les bébés actionnaires ont profité d’une plus-value de 43 % en rendement annuel à la revente. Pas négligeable.

Petits joueurs devenus grands

Comme ses concurrents SmartAngels et Anaxago, WiSEED a bénéficié d’une conjonction de facteurs : le développement de l’économie collaborative, la défiance vis-à-vis des banques et les récentes avancées législatives. Lesquelles ? D’abord, la création d’un statut de « conseiller en investissement participatif » plus souple que celui d’une banque, mais aussi la possibilité, en France, de lever jusqu’à un million d’euros, soit bien plus que de nombreux voisins européens. Stéphanie Savel confirme : « Jusqu’à présent, les business angels nous voyaient comme des petits joueurs ; aujourd’hui, on est sur les mêmes cibles qu’eux. »


Création de WiSEED en 2008

Possibilité de lever jusqu’à un million d’euros


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