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En ville, l’agriculture repart pour un tour
jeudi, 16 juillet 2015 / Camille Chandès

Biomimétisme, économie circulaire et de proximité - Glisser vers une agriculture urbaine durable, de proximité, s’inspirant des écosystèmes naturels… On en a rêvé, la Ferme du quartier y travaille. « Nous essayons de proposer des solutions innovantes pour mettre en place une agriculture de transition écologique », précise Gabriel Bedoy, le fondateur de cette asso créée en 2014. Ingénieur de 31 ans, diplômé des Arts et Métiers et d’AgroParisTech, il a longtemps rédigé des notes de décryptage des négocations climatiques de l’ONU. Résultat : il a décidé de passer à l’action !

La Ferme du quartier a pour projet de développer des installations aquaponiques. Késako ? « Il s’agit de mettre en synergie des exploitations d’aquaculture et de maraîchage », explique le jeune homme. En clair, d’élever des poissons et des crustacés – notamment des homards d’eau douce –, dont les déjections vont contribuer à faire pousser des légumes. « C’est l’écosystème naturel d’un étang ou d’une mare. »

Déchets des cantines

Dans la nature, les poissons produisent de l’ammoniac qui, sous l’action de bactéries, est transformé en nitrates. Ces derniers sont assimilés par les plantes pour se nourrir. « Pour améliorer le bilan écologique, nous essayons d’imiter le sol naturel. Nos plantes sont mises dans un substrat dans lequel nous réintroduisons toute la faune microbienne présente dans un sol en bonne santé et fertile », poursuit Gabriel Bedoy. La technique permet – sur une même emprise au sol – de produire à la fois protéines et végétaux.

L’asso, lauréate d’un appel à projets pour réduire l’empreinte écologique de la ville de Paris, sélectionne actuellement les espèces adaptées à ces conditions de culture. « Nous ne voulons pas concurrencer le maraîcher de pleine terre qui cultive, par exemple, des laitues. Il n’y a pas lieu de faire des laitues dans notre système, parce qu’elles poussent très bien en pleine terre. L’idée est plutôt d’offrir aux maraîchers un moyen de diversifier leur production. » Mais le projet ne s’arrête pas là.

Le dispositif repose sur une ressource inattendue : la Ferme du quartier compte utiliser des déchets alimentaires locaux issus de la restauration collective pour nourrir les poissons (au lieu des classiques granulés de protéines). « Nous voulons transformer les déchets le plus vite possible et localement en produits alimentaires, afin de les valoriser au mieux », insiste Gabriel Bedoy.

Tests grandeur nature

L’asso vise un triple objectif : dénicher une solution d’approvisionnement permettant de conquérir de nouvelles surfaces agricoles, diversifier les productions pour diminuer les pressions sur l’environnement et produire des protéines avec un faible impact écologique.

Après le développement de plusieurs prototypes, deux expérimentations grandeur nature vont être menées. La première en 2016 à Senlis (Oise), sur le site du Centre européen d’excellence en biomimétisme (Ceebios) ; la seconde en 2017, chez une maraîchère bio. Elles viseront à évaluer les performances de la technologie et à coucher sur le papier un modèle économique précis. « L’agriculture doit retrouver une viabilité économique, et cela peut souvent aller de pair avec un meilleur modèle écologique ! » A bon entendeur…


Expérimentations en 2016 et 2017

Deux emplois


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