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"Le dernier arbre"
vendredi, 6 mars 2009
/ Fabrice Flipo
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Les économistes ont des raisonnements imparables. Fin janvier paraît un rapport établi par l’entreprise McKinsey, spécialisée dans le consulting, tendant à établir que la température moyenne de la planète pourrait être maintenue sous les 2°C si des sommes relativement importantes, de l’ordre de 1000 milliards d’euros (1% du PIB mondial), étaient rapidement investies. Le site « Euractiv » reprend la nouvelle et choisit un titre qui en dit long sur la conception du monde qui est à l’oeuvre : « Rapport : échapper au désastre climatique, c’est abordable »
En fait cela tient à plusieurs biais récurrents.
D’abord le mode de calcul des coûts et des bénéfices. S’il est facile de calculer ce que l’on gagne à produire plus et à consommer plus, il est difficile de calculer ce que l’on perd à détruire l’environnement – même s’il est évident qu’un environnement détruit ne permet plus de rien produire ni de consommer. Bien sûr les économistes ont inventé « l’évaluation contingente » mais les résultats ne permettent guère, pour le moment, de remplacer la coordination par les prix.
Par ailleurs les effets des biens et des produits sont immédiats. Mais les « coûts » de la destruction écologique ne se font pas sentir tout de suite. Il est difficile de convaincre de catastrophes à venir, surtout lorsqu’on a baigné dans un ensemble de mythologies laissant croire que la science et la technique viendraient toujours à bout de tous les problèmes... Comme le disent les psychiatres, si on ne change pas, par exemple quand on est dans un état dépressif, ce n’est pas parce qu’on est bien mais parce qu’on connait cet état.
Enfin la perception des dégâts est fortement variable selon les lieux. Les pays développés voient une réduction de l’accès à l’automobile comme une catastrophe (impossible de travailler en zone pavillonnaire) alors que les pays fortement agricoles, sans automobiles, craignant déjà la variabilité climatique naturelle, voient toute instabilité supplémentaire avec la plus grande inquiétude – et que dire des petites îles !
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