https://www.terraeco.net/spip.php?article601
|
Jean-Louis Bourlanges (UDF)
mercredi, 19 mai 2004
/ La rédaction de Terraeco / Installée entre Paris et Nantes, la rédaction de « Terra eco » commet des enquêtes et articles originaux et « pilote » un réseau de 100 correspondants sur les 5 continents. Aimez notre page Facebook Suivez nous sur Twitter : @terraeco Rejoignez-nous : ouvrez votre blog en un clic sur Terraeco.net Terra eco vit principalement du soutien de ses lecteurs. Abonnez-vous à partir de 3€ par mois |
"Exiger l’élimination de toutes les formes de dumping"
Terra economica - Peut-on, selon vous, parler d’une "vague de délocalisations" ou bien n’est-ce qu’un épiphénomène ?
Les délocalisations se sont intensifiées de façon exponentielle pour trois raisons : la révolution technologique a aboli les distances et permet à un opérateur indien de gérer des services téléphoniques en Europe ; la financiarisation de l’économie accroît la mobilité des capitaux et donc des investissements productifs ; enfin, la concentration de la distribution a abouti à une véritable strangulation des producteurs par les consommateurs, au risque d’ailleurs de créer une schizophrénie sociale, les consommateurs étant aussi des producteurs et ne pouvant acheter qu’à la condition d’être rémunérés pour leurs activités. Mais il faut distinguer délocalisations intra et extra européennes. Au sein de l’Union européenne, le phénomène sera limité tant dans son ampleur que dans sa durée, et sera donc gérable. Les pays qui nous ont rejoint ne représentent que 5% du PIB des Quinze et leur intégration à l’Union, servie par des taux de croissance très soutenus, entraînera une amélioration de leur niveau de vie et de leur protection sociale. Ce phénomène érodera progressivement leur avantage comparatif face aux anciens Etats membres de l’Union. Les précédents irlandais, espagnol, portugais et grec sont à cet égard instructifs. La crainte que suscitait leur intégration a rapidement disparu, le gain étant évident pour l’ensemble des Etats membres. Par ailleurs, la Communauté économique européenne n’est pas une simple zone de libre-échange. Elle oblige les Etats à respecter des normes de qualité, de sécurité et de protection de l’environnement relativement strictes limitant d’autant les possibilités de dumping. La réalité est différente pour les délocalisations extra-européennes. La Chine et l’Inde, par exemple, vont concurrencer très sévèrement et très durablement nos produits. Mais il s’agit, dans ce cas, d’un phénomène d’attractivité globale de zones de production bénéficiant d’avantages comparatifs énormes.