Le dernier rapport de l’AIE, l’Agence internationale de l’énergie, préconise un mix d’énergies renouvelables et de nucléaire pour faire baisser les émissions de gaz à effet de serre. Une solution réalisable et suffisante ? Les réponses de Fabrice Flipo, ingénieur et docteur en philosophie des sciences et techniques.

Selon l’AIE, les émissions de gaz à effet de serre augmenteront de 130% d’ici 2050 si les politiques actuelles ne sont pas modifiées. Que pensez- vous du « mix énergétique » préconisé ? Vous parait-il réalisable ?

F.F : Le mix énergétique reprend les ambitions des grands lobbies des pays membres de l’Agence internationale de l’énergie. On retrouve donc sans surprise les énergies renouvelables industrielles et le nucléaire, accompagnés d’un panel de technologies de pointe.

Réalisable ? Pourquoi pas, mais il n’est pas certain que cela soit plus réaliste et meilleur que le scénario précédent. Le nucléaire implique en effet des coûts économiques très élevés et la prolifération de matériaux toxiques. Du côté des énergies renouvelables, nous avons d’importants risques de concurrence dans l’usage des sols à l’instar des biocarburants, sans compter des modes d’exploitations destructeurs. De plus, rien de tout cela ne bénéficiera aux pays pauvres car ce ne sont pas les technologies de base qui sont encouragées. Au contraire, on peut penser que les phénomènes de néocolonisation vont s’intensifier car les pays tropicaux sont riches en photosynthèse...

Que pensez-vous de cette "promotion" du nucléaire ? Ne peut-on trouver d’autres alternatives aussi performantes mais plus propres ?

F.F : Non il n’y a pas d’alternative "aussi performante" dans le sens où elle produirait autant d’énergie. Cependant, je ne pense pas que le nucléaire soit réellement performant puisque l’uranium est lui aussi en voie d’épuisement. Comme je le disais précédemment, le nucléaire coûte très cher et consomme des ressources qui auraient pu être affectées à d’autres choses. Le nucléaire n’est donc ni performant ni propre mais il continue de faire rêver les lobbies puisque c’est une technologie qui consomme beaucoup de capital. Le plus urgent serait de cesser de prolonger ce rêve et d’en amorcer un autre en mettant à l’ordre du jour la question des modes de vie. Tant que nous chercherons à produire plus et consommer plus, aucune source d’énergie ne répondra jamais au problème.

Crédit photo : Nitot

 Communiqué de l’Agence internationale de l’énergie