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Trois millions de personnes déplacées par la Banque mondiale
jeudi, 16 avril 2015 / Amélie Mougey

Un millier de projets de développement financés par l’institution ont eu pour conséquence le départ des habitants des zones concernées. C’est le constat accablant dressé par le Consortium international des journalistes d’investigation.

Pourquoi, dans le monde, des populations se déplacent ? Parce qu’elles sont chassées par les guerres, les sécheresses, les premiers effets du changement climatique et… les projets financés par la Banque mondiale ! Selon le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), entre 2004 et 2013, 3,4 millions de personnes ont été déplacées, physiquement ou pour des raisons économiques, pour laisser le champ libre à près d’un millier de projets soutenus par cette institution, chargée d’appuyer financièrement les programmes de développement. « Ces projets vont de la construction de grands barrages ou d’oléoducs à celle de petites cliniques ou d’écoles », précisent les auteurs de l’enquête, publiée sous le titre « Expulsés et abandonnés ».

En Chine, des chantiers comme celui de Shaanxi Ankang, un réseau routier rural et interurbain achevé en 2012, a entraîné le déplacement de plus de 170 000 personnes. De la Pologne à l’Afrique du Sud, une myriade de petits projets impliquent, à chaque fois, des centaines voire des milliers de réfugiés, sans que le jour soit fait sur les mesures d’accompagnement ou d’indemnisation qui leur sont destinées. Pire, selon le journal belge Le Soir, « ces expropriations ont parfois des allures d’expulsions », réalisées à grand renfort de bulldozers et de policiers armés. Du Chili au Sri Lanka, en passant par l’Inde ou l’Ethiopie, les pays du Sud surtout sont concernés.

Pour mener à bien cette enquête, présentée sous forme de cartes interactives, une équipe de journalistes internationaux issus d’une vingtaine de médias a épluché des dizaines de milliers de pages de rapports en quatre langues, pour la plupart laissés en libre accès par la Banque mondiale. Pour découvrir résultat de leur travail, c’est ici.