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Trois questions à Tristan Lecomte, pédégé d’Alter Eco
vendredi, 2 novembre 2007 / Louise Allavoine

Alter Eco distribue des produits du commerce équitable. La société est présente sur toutes les enseignes de la grande distribution, sauf en soft et hard discount. Son chiffre d’affaires s’élevait en 2006 à 20 millions d’euros.

Pourquoi, selon vous, les produits du commerce équitable doivent-ils être distribués en grandes surfaces ?

Il faut passer par la grande distribution parce que c’est là que tout le monde fait ses courses. C’est le meilleur moyen pour que le commerce équitable se développe. Mais je trouve ça bien qu’il y ait un débat. C’est important d’éviter la "marchandisation" du mouvement. Le fait que l’on s’inquiète est intéressant. Il faut être vigilant. Le commerce équitable doit rester un mouvement citoyen.

Que répondez-vous à ceux qui prétendent que la grande distribution profite d’un effet de mode et qu’elle cherche seulement à redorer son image ?

Les distributeurs cherchent à valoriser leur image, c’est évident. Et le consommateur n’est pas dupe ou sinon il est trompé "à l’insu de son plein gré". C’est à lui d’être responsable dans ses choix. Seulement, il est plein de contradictions. Dans le métier, on parle de schizophrénie du consommateur. Il y a un décalage entre ce que l’acheteur déclare vouloir consommer et son comportement dans les rayons. Il veut à la fois payer moins cher et avoir des produits respectueux de l’environnement et des conditions de production. Il faudrait savoir.

Cela signifie-t-il qu’il faut éduquer le consommateur ?

Il faut l’informer, le former. Dès la maternelle, dans les écoles, dans les collèges, lui parler de consommation citoyenne. C’est dans cet esprit qu’Alter Eco a distribué des kits pédagogiques dans les classes primaires l’année dernière. Dès le plus jeune âge, ils doivent comprendre qu’il faut acheter à un prix juste. C’est important de sensibiliser les gens au rapport entre consommation et citoyenneté. Les grandes surfaces peuvent jouer un rôle important dans cette démarche. Elles ont les moyens de faire de la communication massive. Il faut qu’elles soient force de proposition. Elles doivent se préoccuper de leurs fournisseurs : devenir des commerçants plus de simples distributeurs.

- Selon Stéphane Le Borgne le nouveau responsable d’Artisans du Monde, "c’est un choix de stratégie. Artisans du Monde fonctionne dans un système de filière intégrée, c’est-à-dire un système équilibré du producteur au distributeur en passant par les importateurs. Nous croyons que distribuer des produits équitables dans des structures qui proposent également des produits non équitables n’est pas cohérent avec ce type de fonctionnement."

- Les produits du commerce équitable ont posé leurs premières boîtes dans les gondoles de la grande distribution il y a presque dix ans. Depuis, le rayon éthique des supermarchés n’a cessé de s’étendre. Mais la communauté du commerce équitable reste divisée.


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