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Pour cette famille, manger local, c’est 365 jours par an
jeudi, 27 novembre 2014 / Amélie Mougey

Dans le Rhône, Sophie et sa famille organisent leurs repas au rythme des saisons et des jours de marché.

Que signifie être locavore ?

Faire ses confitures et passer du temps à éplucher ! Comme nous vivons à la campagne, nous nous approvisionnons en produits frais auprès des agriculteurs du coin. Pour l’épicerie, on ne s’interdit pas ce qui vient d’un peu plus loin, comme le riz et les lentilles. Simplement, nous les choisissons français. Nous avons aussi un potager, grâce auquel en été on fait du coulis de tomate, que l’on met en conserve pour les jours d’hiver et de fainéantise… On profite aussi des vacances pour faire des stocks de produits régionaux. Et lorsque la famille bretonne nous rend visite, elle apporte des fruits de mer.

Le choix de manger local a-t-il transformé votre quotidien ?

L’alimentation a pris une place centrale dans notre vie. Nous consacrons deux soirées par semaine à éplucher, couper et cuire des légumes. Nous faisons nos courses en jonglant entre le marché, les épiceries bios, et les groupements d’agriculteurs. Avant, on réfléchissait aux menus avant d’acheter les ingrédients. Aujourd’hui on regarde ce qu’on ramène puis on cherche comment le cuisiner. On découvre de nouvelles saveurs, et je me suis réconciliée avec le fenouil.

Vous avez l’impression de faire des concessions ?

C’est une question d’organisation. Nous allions au marché bio, avant de réaliser que les vingt minutes de voiture nous pesaient. On a discuté avec les producteurs des marchés plus proches, qui n’ont pas le label bio mais dont les pratiques nous correspondent. Au fil du temps, on s’est équipés. Le congélateur et le cuit-vapeur sont nos meilleurs amis. Mais si je ne travaillais pas à temps partiel, on en ferait sans doute moins.

Finalement, vous êtes gagnants ?

Oui, on a retrouvé le goût des aliments. Je suis désormais incapable de manger une tomate gorgée d’eau achetée au supermarché. Ces aliments qui n’ont pas fini de mûrir ne nous apportent rien.

Y voyez-vous une forme de militantisme ?

Plus une question de bon sens. Manger des produits qui ont fait quatre fois le tour de la planète entraîne une déperdition d’énergie aberrante. Ça me paraît important de ne pas déconnecter un aliment du lieu d’où il vient. On soutient la paysannerie, la polyculture, bref on retrouve un peu de cohérence. —