Ma chaudière ? « Un scandale politique ». Les Français brûlent la moitié de l’énergie pour se chauffer, en grande partie au gaz naturel, fortement émetteur de méthane ultra-réchauffant, et sans connaître leur consommation réelle… Ma traversée en ferry pour éviter de prendre l’avion ? « Une bombe à gaz carbonique », plus forte qu’un vol Paris-Tunis. Mes tomates françaises ? Si elles poussent sous serre chauffée, elles usent 80 fois plus d’énergie que si elles arrivaient d’Espagne en camion. Bienvenue chez les énergivores anonymes, dont Jade Lindgaard a réalisé un jour être membre, comme la plupart d’entre nous. La journaliste de Mediapart s’est alors lancée dans cette enquête pensée et passionnante sur « notre apathie collective face au changement climatique ». Car les meilleures volontés se heurtent souvent aux choix politiques et aux lobbies (ne pas taxer le kérosène, multiplier les hypermarchés), mais aussi à notre confort personnel. La solution ? « Se déprivatiser pour fonder de nouveaux collectifs », néologise l’auteure. « Plus les citoyens adapteront leurs gestes routiniers à leur souci de l’environnement » (composter ses déchets, rouler à vélo, manger bio…) « plus ils seront susceptibles de demander des comptes à leur dirigeants ». Et s’informeront, s’organiseront, se révolteront. — 

Je crise climatique, de Jade Lindgaard, La Découverte. 240 P., 18 euros