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L’auto sans les mains, c’est déjà demain
jeudi, 25 septembre 2014
/ Karine Le Loët / Rédactrice en chef à « Terra eco ». |
Pour que les titines se conduisent bien, autant les laisser faire ! Les constructeurs – et Google – planchent sur la voiture sans pilote. Adieu police, bouchons et pollution.
Il est 18 heures, vous sortez du boulot. Une simple commande sur votre smartphone et une voiture pointe son nez, prête à vous reconduire dans vos pénates. Pas de chauffeur au volant. Le véhicule qui vous embarque est de ceux qu’on appelle « autonomes ». Science-fiction ? Pas vraiment. Les constructeurs automobiles – PSA, Renault-Nissan ou encore Daimler – prévoient l’avènement de ces véhicules-robots pour 2020. Un prolongement logique aux technologies déjà installées (régulateur de vitesse, assistance aux embouteillages et au stationnement…), notamment sur les véhicules haut de gamme.
« Passer du rêve à la réalité suppose de résoudre un puzzle compliqué, et il est difficile de prédire quand nous serons certains que les pièces s’assemblent correctement. (…) [Mais] je pense que l’arrivée sur le marché de véhicules autonomes est inéluctable, et que ce changement façonnera de façon déterminante l’industrie automobile d’ici à vingt ans », expliquait Laurent des Places, associé KPMG pour le secteur automobile, dans le communiqué de presse diffusé au moment de la sortie du rapport.
« Votre voiture pourra vous conduire au boulot le matin et, plutôt que de rester inutilisée sur une place de parking, pourra transporter un membre de votre famille ou quelqu’un de votre quartier ou de votre ville », soulignent dans un article Carlo Ratti et Matthew Claudel, du laboratoire Senseable City du MIT (Institut de technologie du Massachusetts). De quoi diviser par trois la flotte de véhicules selon les deux chercheurs. « Dans un paysage sous contraintes économiques et écologiques, avec des personnes âgées toujours plus nombreuses, avoir un chauffeur numérique, ça peut avoir des avantages », souligne Gabriel Plassat.
Mais le système n’aura pas des avantages pour tout le monde. Dans ce futur-là, « la voiture devient une commodité. Mais alors, qui a le contact avec le client ? Qui opère le service ? C’est un tout autre métier que celui de constructeurs de voitures. Dans ce système, les fabricants deviennent de simples sous-traitants », précise l’expert de l’Ademe.
Restera à revoir le code de la route, le régime d’assurance (qui est responsable quand personne ne conduit ?), à assurer le respect de la vie privée (si tous les trajets sont connus d’avance, comment se protéger ?) ou à désigner l’opérateur idéal du service (un acteur privé ? Les collectivités locales ? L’Etat ?). Il faudra aussi faire adopter ce système aux utilisateurs. « La jeune génération, de plus en plus connectée, entretient avec l’automobile des rapports différents de ceux des baby-boomers, qui considéraient l’obtention du permis de conduire comme un rite de passage. Pour eux, la conduite est vécue comme une obligation et non comme un plaisir », assure KPMG dans son communiqué. « L’automobile a toujours un certain attrait, nuance Gabriel Plassat. Mais les gens qui sont sous contrainte économique expérimentent autre chose et se disent que ce n’est pas si mal. Ils diffèrent le renouvellement ou l’achat d’un véhicule. Et observent qu’ils peuvent faire sans. » —
(1) Les coûts humains des accidents (secours, hospitalisations…) et matériels pour 2011 ont été estimés à 23 milliards d’euros par l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière.
(2) Une autre étude, cosignée par l’institut de recherche britannique CEBR et la société américaine d’infotrafic Inrix et publiée en décembre, estimait, elle, à 5,9 milliards d’euros le coût financier des embouteillages dans treize grandes zones urbaines françaises.
Les brèves
Helsinki veut bannir l’auto
A Helsinki, posséder une voiture sera bientôt ringard. La capitale finlandaise se donne dix ans pour remplacer les véhicules individuels par un système centralisé et collaboratif de « mobilité à la demande ». Une application mobile recensera tous les moyens de transports disponibles : covoiturage, vélos en libre-service, taxis, transports en commun… et indiquera le moyen le plus rapide, ou le plus économique, de rejoindre sa destination.
Il y a une vie après la bagnole
Plus de marche à pied, plus de vélo – personnel ou partagé –, moins de kilomètres au compteur des autos, des solutions innovantes pour bouger mieux et moins cher. Sans oublier les questions qui demeurent sur les voyages, usines à rêve et à CO2. Il y a tout ça dans ce supplément de Terra eco, qui vous propose de jeter un oeil neuf sur notre façon de nous déplacer.