https://www.terraeco.net/spip.php?article56383
Bonne nouvelle, le protocole pour sauver l’ozone a fonctionné
mercredi, 10 septembre 2014 / Karine Le Loët /

Rédactrice en chef à « Terra eco ».

Puisque l’ozone a presque recouvré sa santé d’antan, c’est que le protocole de Montréal adopté en 1987 a fait ses preuves. A une nuance près… les gaz qui ont remplacé les si décriés CFC ont un fort potentiel de réchauffement.

Rappelez-vous, dans les années 1980, un petit logo faisait son apparition sur votre déo ou votre bombe antimoustiques. Cette main posée au-dessus de la Terre assurait que votre aérosol ne contenait pas de chlorofluorocarbures (CFC) et ne risquait donc pas d’entamer la couche d’ozone, en pleine phase de rétrécissement. Elle était la directe application du protocole de Montréal adopté en 1987 et visant à limiter, voire à éliminer, l’utilisation de substances appauvrissant la couche d’ozone (SAO).

Près de trente ans plus tard, 300 scientifiques se sont assis au chevet de l’ozone et rendent ce mercredi leur verdict. Oui, le protocole de Montréal fut efficace, assurent-ils, puisque « les concentrations de SAO continuent de décroître dans la troposphère » tandis que les composés issus de leur dégradation décroissent, un étage au-dessus, dans la stratosphère. « En 2012, les niveaux combinés de chlore et de brome […] ont décru d’environ 10%-15 % par rapport à leur maximum atteint il y a 10-15 ans », souligne le résumé exécutif du rapport.

Les HFC désormais pointés du doigts

Forcément, de ses moindres concentrations, l’ozone ne s’en porte que mieux : « Le contenu intégré d’ozone est resté relativement inchangé depuis 2000 avec une légère tendance à l’accroissement dans les années récentes. » Mieux, « le contenu intégré d’ozone retrouvera ses niveaux de référence de 1980 sur la plus grande partie de la planète sous réserve du respect intégral du protocole de Montréal et de ses amendements et ajustements. Ce retour devrait avoir lieu avant le
 milieu du siècle aux latitudes moyennes et en Arctique, et un peu plus tard pour le trou d’ozone antarctique. »

Si la limitation des SAO a permis à l’ozone de retrouver des couleurs, elle a aussi servi à limiter le réchauffement. Puisque les SAO sont également des gaz à effet de serre, leur réduction en 2010 est par exemple « estimée avoir été équivalente à une réduction d’environ 10 gigatonnes (GT) par an de CO2, ce qui est cinq fois plus élevé que l’objectif visé pour la première période d’engagement (2008-2012) du Protocole de Kyoto ».

Mais tout n’est pas rose au pays des chercheurs, loin s’en faut. Car si le protocole de Kyoto a peu ou prou enterré les SAO, les hydrofluorocarbures (HFC) qui sont venus les remplacer dans les aérosols sont « aussi de puissants gaz à effet de serre ». Or, si aujourd’hui ceux-ci contribuent « faiblement » aux émissions globales (0,5 GT de CO2 par an), leurs émissions croissent d’environ 7% par an. Ainsi, « si la combinaison actuelle des substances de remplacement des SAO reste inchangée, la demande croissante pourrait entraîner des émissions de HFC équivalentes à 8,8 gigatonnes de CO2 par an d’ici à 2050, ce qui serait aussi élevé que le pic d’émission des CFC à la fin des années 1980 ». Soit un retour à la case départ. Aussi les chercheurs sont-ils très clairs : il est aujourd’hui urgent de recourir à des composés ayant peu ou pas de potentiel de réchauffement.