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Pourquoi le bio met le paquet sur l’emballage
lundi, 26 octobre 2009
/ Cécile Cazenave
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Les fruits et légumes bio vendus en grandes surfaces sont systématiquement mis sous plastique. Enquête sur un paradoxe écologique.
C’est un crève-cœur pour les tenants du bio : au rayon fruits et légumes frais du supermarché, les produits estampillés AB sont mis au supplice dans une barquette généreusement bardée de film plastique. Pour le consommateur qui espérait réduire son empreinte écologique, c’est râpé. Prêt à payer plus cher pour un produit respectueux de l’environnement, celui-ci se voit contraint de faire gonfler son volume de déchets ménagers en se débarrassant de l’emballage. Pas sûr qu’il soit… emballé par cette perspective.
Mais les supermarchés n’ont pas vraiment le choix : ils obéissent à une contrainte réglementaire basée sur le principe de différenciation. « Il s’agit d’assurer la traçabilité jusqu’au consommateur : une prune bio ressemble à une prune conventionnelle. Sans emballage, le risque de confusion existe lors de la mise en rayon par exemple », résume Nathalie Rison, de l’Agence bio. Seule autre possibilité : consacrer un stand spécialement au bio et dédier un vendeur au travail de pesée. Chez Auchan, on avoue avoir testé cette solution dans l’hypermarché de Vélizy (Yvelines).
« Mais le bilan économique de l’opération penche en faveur du pré-emballé », explique Marc-Henri Blarel, responsable fruits et légumes dans le groupe. Le surcoût de l’emballage est estimé entre 15 et 30 centimes d’euro selon les produits. Et comme le bio ne représente que 3 % des ventes de fruits et légumes chez Auchan, ce surcoût restera de toute façon moindre que le salaire du vendeur dédié. Reste une piste, qui relève du fantasme écolo : ne vendre un fruit ou un légume que dans sa version bio, pour éviter tout risque de confusion. Auchan dit y réfléchir sur « la courge et les herbes aromatiques », qui seraient ainsi les premières à essuyer les plâtres du vrac en supermarché.
Pro Natura, leader de la commercialisation de fruits et légumes bio en Europe – 50 000 tonnes de produits vendus annuellement dont 25 % en grandes surfaces –, est allé plus loin dans son analyse. « Nous faisons du bio depuis vingt-neuf ans, et cette obligation d’emballer nous gêne beaucoup », confie le président Henri de Pazzis. L’entreprise a en effet commandé un audit sur l’impact de l’emballage au cabinet Bio Intelligence Service. L’objet ausculté : une barquette contenant quatre fruits, entourée d’un film en polypropylène. « Nous avons découvert que 80 % de l’impact environnemental était dû au carton de transport, ce dernier servant à livrer les barquettes aux grandes surfaces ou le vrac aux magasins spécialisés », relève Henri de Pazzis.
Photo : Pascal Sittler / Rea
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