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La haute technologie à marée basse
jeudi, 28 août 2014 / Simon Barthélémy

« Face à la pénurie probable de ressources futures, tant renouvelables (les stocks de poisson) que non renouvelables (les énergies fossiles et les métaux), nous voilà comme les médecins de Molière. Eux ne juraient que par la saignée (…). Nous, nous ne jurons que par l’innovation et la technique. » Pour Philippe Bihouix, non seulement la croissance, même verte, ne soignera pas la planète, mais elle l’achèvera. L’ingénieur dénonce les mirages high-tech : OGM ou nanotechnologies, mais aussi ceux prisés par certains écolos – imprimantes 3D, déploiement massif de l’éolien et du photovoltaïque, technologies contenant des métaux rares et difficilement recyclables, économie circulaire… Pour réduire notre empreinte, l’auteur défend au contraire les basses technologies (ou low-tech). Des principes de sobriété applicables dans tous les domaines : réduire la taille des parcelles agricoles pour permettre le retour à la terre des effluents animaux comme engrais, brider à 120 km/h les moteurs des voitures, développer les microbarrages hydroélectriques… Cette bonne bouffée de radicalité est solidement argumentée. Philippe Bihouix évalue lucidement, par exemple, l’impact sur l’emploi de ses propositions, et le tout est rapidement applicable, parfois par simple voie réglementaire. A condition d’en avoir le courage politique. —

L’âge des low tech, de Philippe Bihouix. Seuil, 334 p., 19,50 euros