Les mots d’Edgar Morin sont ceux d’un rude constat, mais aussi de l’espoir. Un cap en forme de défi pour la rédac.

Dans l’imaginaire, un journaliste court le monde, se réchauffe aux feux de l’actualité et s’accroche telle une tique aux dessous des puissants. Il prête sa voix et ses mots aux invisibles de tous les champs de bataille. Mais, mutation économico-technologique oblige, il passe désormais son temps les dix doigts dansant sur les claviers, le nez dans les rapports et l’oreille cuisant aux ondes du portable. Terra eco n’échappe pas à cette nouvelle donne. Dans ce grand chantier qui consiste, toujours, à chercher à offrir le meilleur au lecteur, il subsiste quelques petits bonheurs bruts pas évidents à partager. La rencontre avec Edgar Morin – la seconde pour Terra eco – en est un. Du haut de ses 93 ans, le philosophe semblait, cet après-midi-là, assis au seuil de l’histoire, à contempler la drôle de condition humaine. L’exercice, généreux, invitait à débusquer les leviers qui demain feront basculer le monde vers d’autres futurs. Le penseur pétillant soulignait alors la puissance citoyenne et saluait l’engagement de Terra eco à « éveiller les consciences ». Sacrée responsabilité. —