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2050 : la France lance son compte à rebours
lundi, 26 octobre 2009 / Karen Bastien , / Agence Idé

En France, la température moyenne annuelle a augmenté de 0,95 degré entre 1901 et 2000, contre « seulement » 0,74 degré au niveau mondial. Voici pourquoi l’Hexagone va souffrir du dérèglement climatique.

La boule de cristal climatique, tout le monde en rêve. Elle permettrait d’anticiper les mouvements de population, les périodes de canicule, la fréquence des ouragans, les rendements agricoles, l’enneigement des stations de ski… En attendant cet objet utopique, les pays mobilisent leurs meilleurs cerveaux. En France, le ministère du Développement durable a publié, fin septembre, une évaluation nationale du coût des impacts du changement climatique. Une centaine de scientifiques, météorologues, hauts fonctionnaires et chefs d’entreprise ont été mobilisés pour cet exercice un peu particulier : se projeter dans une France réchauffée de 2,5 voire 4 degrés et dont les côtes ont été submergées d’un mètre par la mer.

Chiffres fragiles

Ce rapport – piloté par l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique et la Direction générale de l’énergie et du climat – dresse une photographie inquiétante du pays en 2050. L’évaluation quantitative et monétaire de ce changement climatique n’a pas été possibe pour les 10 secteurs passés au crible. « Mais elle n’est pas souhaitable, car derrière les chiffres, il y a toujours des choix éthiques cachés, des jugements de valeur. Combien coûte telle ou telle espèce d’oiseaux, de plantes ? L’évaluation qualitative est plus pertinente », défend Stéphane Hallegatte, économiste et ingénieur climatologue à Météo France ayant participé à ce rapport.

Le chiffrage de tels événements climatiques sur des horizons lointains reste fragile. « Une fois qu’on a donné une somme du coût du changement climatique, cela ne règle rien. Qui paye ? Quand ? Les évaluations monétaires ont un seul intérêt : donner des priorités aux politiques qui naviguent toujours entre plusieurs priorités », ajoute Stéphane Hallegatte.

Dans un monde de rareté, le rapport montre l’importance des choix. Par exemple, l’eau devrait connaître un déficit de 2 milliards de mètres cubes par an d’ici à 2050. Alors, agriculture, faune et flore, production hydroélectrique : quelle sera la priorité ? « L’accès à l’eau est symboliquement très fort. Ces choix devront être faits en concertation, ils ne pourront être imposés d’en haut », souligne Stéphane Hallegatte.

Prochaine étape : fin 2010, la publication d’un plan national d’adaptation. Et là, il n’y aura pas le choix. « En cas d’adaptation insuffisante, on peut s’attendre à un impact global négatif du changement climatique en France, les coûts pouvant atteindre plusieurs centaines de millions d’euros par an pour plusieurs secteurs », conclut le rapport. 

- Le rapport Evaluation du coût des impacts du changement climatique et de l’adaptation en France


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