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Les voyages forgent la richesse
vendredi, 18 juillet 2014 / Amélie Mougey

Aux uns, Airbnb, permet de voyager à petits prix. Aux autres, le site apporte un revenu appréciable voire indispensable. Coup d’oeil sur ces nouveaux bas de laines.

Ici, on ne dit plus « touristes » mais « voyageurs ». Ici, les « hôtes » ont pris la place des hôteliers. Adeptes du logis partagé, vous l’aurez deviné : vous êtes sur Airbnb. Avec ses 600 000 annonces dans 192 pays, le site, créé il y a six ans, est immanquablement cité en modèle par les start-up de l’économie collaborative. Chez les particuliers, il est surtout réputé pour changer les pièces vides en poches pleines.

En France, pays qui aspire une annonce sur dix, près de 50 000 hôtes arrondissent ainsi leurs fins de mois. « Airbnb rapporte en moyenne 300 euros par mois, indique Nicolas Ferrary, son directeur pour la France. Mais ce chiffre a peu de sens. » D’abord parce que les prix fluctuent. Dans la même ville, une chambre à 150 euros côtoie un logement entier à 70.

Ensuite, parce que les pratiques varient. « Sur Airbnb on trouve la maison d’un jeune couple en vacances, la chambre de l’aîné parti faire ses études ou une résidence secondaire libre dix mois dans l’année », poursuit Nicolas Ferrary. A cette liste s’ajoutent les studios des étudiants fauchés partis squatter le canapé de copains le temps de se remplumer.

Les visiteurs paient le loyer

Caroline, elle, fait partie de ces hôtes – ils sont un tiers – qui reçoivent sans quitter les lieux. A 30 ans, la jeune femme vit en plein coeur de Paris. « Je n’en dis pas plus pour que mon annonce ne soit pas mal référencée », précise-t-elle. La logeuse reconnaît être « trop suspicieuse » mais, comme 39 % des hôtes parisiens, elle compte sur Airbnb, pour payer son loyer. Les bons mois, les voyageurs lui rapportent près de 1 000 euros.

Après sa séparation, plutôt que d’opter pour la colocation, Caroline a décidé d’aménager avec la terre entière. « Au début c’était grisant », se souvient-elle. Au bout de deux ans, elle confesse quelques sourires forcés. « La concurrence augmente, le système de commentaires engendre une pression et des relations plus commerciales », constate-t-elle.

Financer un tour du monde

A Rouen (Seine-Maritime), Thomas est plus relax : « On ouvre notre porte quand on en a envie et, quand on a besoin de tranquillité, on suspend l’annonce. » Pour lui et sa compagne, les revenus d’Airbnb, entre 200 et 400 euros par mois, ne changent rien au quotidien. « On remplit une cagnotte », glisse-t-il, mystérieux. Son projet ? « Un tour du monde d’ici un an et demi. » Sur le tracé du trajet, le couple a prévu des crochets : « Il y a ces sexagénaires américains qu’on aimerait vraiment revoir. » En attendant, Thomas avec ses convives, qu’ils viennent de Couchsurfing ou d’Airbnb, estime que « c’est un bon entraînement pour les langues étrangères ».

Pour d’autres, Airbnb, n’est qu’un outil. A Colmar (Haut-Rhin), Jean-Marc trouve plus juteux de louer ses appartements à la journée. « On était sur tous les sites d’annonces mais Airbnb cartonne. » Une pratique qui ne contrarie pas Nicolas Ferrary « à condition que les loueurs respectent l’exigence d’authenticité, en donnant par exemple de bonnes informations sur le quartier ». Le directeur préfère pourtant mettre en avant d’autres professionnels : selon une étude signée Airbnb, 2 000 entrepreneurs ont pu s’appuyer sur ces revenus pour se lancer.


Niveau : Averti
Chiffre d’affaires : 183 000 000 euros (2 013)
Participants :
Le + : Taille de la communauté et maillage du territoire
Le - : La professionnalisation des hôtes est tolérée