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« Le service lutte contre l’obsolescence programmée »
vendredi, 18 juillet 2014 / Cécile Cazenave

En 2007, Marion Carrette fonde le site de location d’objets entre particuliers. En sept ans d’existence le succès de ce service, pionnier en son genre, ne s’est pas démenti.

Comment vous est venue l’idée de Zilok ?

D’un concours de circonstances et d’une nécessité ! Je me rendais à un mariage à Marseille. J’imaginais qu’il y aurait des copains avec des voitures à la gare. A l’arrivée ni copains, ni loueur qui ait encore un véhicule disponible, alors que le parking était plein. J’aurais été prête à louer n’importe laquelle de ces voitures !

J’ai trouvé cette situation vraiment idiote. Après dix ans dans le Web, je voulais créer une start-up. J’étais fascinée par des plateformes comme Meetic qui avait révolutionné le secteur endormi de la rencontre. Avec deux camarades, nous avons donc créé Zilok. D’abord avec quelques dizaines d’objets, les nôtres, des affaires de puériculture comme un lit-parapluie ou un siège auto pour moi, et des affaires de bricolage, des raquettes de tennis… pour mes comparses.

A la fin de l’année 2008, la crise du pouvoir d’achat nous donnait des arguments : nous proposions de faire de l’argent avec des objets qui dorment. Nous avons rencontré un écho immédiat. Aujourd’hui, il y a 250 000 objets en location sur le site, et 200 000 membres inscrits. Pour réussir, il a fallu faire accepter l’idée de louer ses affaires à des inconnus…

La location d’appartement pour l’été, c’était déjà dans les moeurs. Mais c’est vrai que les objets, même une perceuse, c’est un pas à franchir. Les gens ont, au départ, très peur de l’état dans lequel elle va revenir. Ils n’épousent la démarche que progressivement, ils sont timides. Ils commencent par deux ou trois objets, pour essayer. Et ensuite, rapidement, ils proposent en moyenne 10 ou 15 objets en ligne. Mais nous avons également travaillé en élaborant des contrats, des systèmes de caution et d’assurance.

Il y a une consommation plus raisonnée à mettre en place : arrêter le tout jetable, valoriser des objets durables et de bonne qualité et les rentabiliser en les louant. Tout ça demande beaucoup de pédagogie ! Moi-même j’ai encore acheté une visseuse Ikea à neuf euros. Elle n’a même pas tenu jusqu’à ce que je finisse de monter mon armoire. Je me suis juré de ne plus jamais faire un tel achat. Achetons de meilleure qualité et partageons l’usage !

Votre démarche a-t-elle fait bouger l’économie traditionnelle ?

En effet ! Les grands distributeurs viennent nous voir. Ils ne peuvent pas prendre le risque de rater ce coche. Imaginez que s’ils se mettaient à proposer ce genre de service, un système de location par exemple, le client viendrait deux fois chez eux, pour chercher l’objet et le rapporter ! Dans le Sud, un magasin en perte de chiffre d’affaires a mis en place un concept où il prête l’outil en échange de quoi le client doit acheter les consommables. Leur chiffre d’affaires a bondi de 25 % !

Ce n’est définitivement pas d’une perceuse mais d’un trou dont les clients ont besoin. La question est : quelle est la manière la plus intelligente de le faire ? Tous les groupes réfléchissent aujourd’hui à la notion de service. Et c’est tant mieux, car le service se trouve au centre de la lutte contre l’obsolescence programmée. Dès lors qu’une entreprise loue une machine, elle n’a pas intérêt à ce que celle-ci tombe en panne.


Niveau : Débutant
Chiffre d’affaires : N.C
Participants : 200 000
Le + : Un temple de la location, un catalogue géant
Le - : Mais qui peut louer un sac à 60 euros la journée ?