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« Fait maison » : le label qui dit tout et son contraire
mardi, 15 juillet 2014
/ Pascal Riché (Rue89)
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Par Rue89 - Le décret autorisant les restaurateurs à afficher fièrement sur leur carte la mention fait maison entre en vigueur ce mardi. Inutile pour beaucoup, il est même trompeur pour certains.
Normalement, le consommateur devrait se réjouir. Enfin est sorti, dimanche, au Journal officiel, le décret visant à pousser les restaurants à indiquer si leurs plats sont « faits maison » ou pas (lire ci-dessous). Dès mardi, les restaurateurs devront s’y conformer, en apposant un logo « fait maison » sur leur carte. Un progrès pour la transparence et, au delà, sur la qualité de l’alimentation ?
Et bien non, la situation promet d’être pire encore. Le logo « fait maison » va embrouiller tous les esprits. Car les lobbies de l’agroalimentaire sont passés par là. Et à lire le texte de ce décret, un restaurant pourra afficher fièrement le logo « fait maison » tout en servant des plats à base de sauces en poudre, de viande hachée industrielle ou de poissons surgelés.
Ça se gâte dès le paragraphe II du second article : « Peuvent entrer dans la composition d’un plat “fait maison” les produits qui ont été réceptionnés par le professionnel : épluchés, à l’exception des pommes de terre, pelés, tranchés, coupés, découpés, hachés, nettoyés, désossés, dépouillés, décortiqués, taillés, moulus ou broyés ; fumés, salés ; réfrigérés, congelés, surgelés, conditionnés sous vide. » Vous avez bien lu. Donc, si vous « réceptionnez » du cabillaud surgelé, que vous le jetez dans un four avec quelques carottes sorties d’un sac plastique déjà épluchées et coupées, vous cuisinez « maison ».
« Informer par écrit le consommateur », cela signifie, concrètement mettre une note, une toute petite note de rien du tout, en bas de page de sa carte, la même carte qui claironnera, en haut, « FAIT MAISON ». On imagine le touriste japonais, le dictionnaire à la main, déchiffrer une petite note : « Nos fonds blancs sont réceptionnés auprès d’un fournisseur extérieur. »
Mieux : l’article suivant précise qu’un plat composé d’un produit qui ne serait pas fait sur place « peut être présenté comme “fait maison” dès lors que la marque du produit ou le nom du professionnel qui l’a fabriqué est expressément indiqué ». Autrement dit, vous pouvez présenter comme du « fait maison » ce qui n’est pas « fait maison », à condition de préciser que c’est fait ailleurs. Va comprendre, Charles.
Mais à part ce trublion, tout le monde a l’air ravi. Le décret vise « un juste équilibre entre la valorisation de nos métiers et le désir de transparence des clients », se félicite ainsi le groupement national des indépendants, organisation professionnelle du secteur qui représente 26 000 restaurants. Juste équilibre, cela signifie : un peu de transparence, mais pas trop quand même, merci.
A lire aussi : « Je refuse d’appliquer la loi sur le fait maison »
Cet article a initialement été publié sur Rue89 le 14 juillet 2014
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