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La carte qui prouve que le vélo tue peu en ville
mardi, 1er juillet 2014 / Thibaut Schepman /

Non, nous n’avons pas à « sauver la planète ». Elle s’en sort très bien toute seule. C’est nous qui avons besoin d’elle pour nous en sortir.

Où, comment et pourquoi meurt-on ou se blesse-t-on à vélo ? Pour la première fois, notre carte répond à ces questions.

Sur quelles routes, à quelle heure et dans quelles conditions ont lieu les accidents de route en France ? Pour la première fois, le ministère de l’Intérieur a rendu public le 20 juin dernier un fichier référençant avec moult détails l’intégralité des 62 000 accidents corporels de la circulation répertoriés en France en 2012 par la police ou la gendarmerie. Nos confrères de Rue 89 ont ensuite procédé à un toilettage collectif intensif [1] de ce fichier pour publier la semaine dernière une carte présentant toutes ces données. Une première.

Avec leur aimable autorisation, nous avons, à notre tour, trié ces données pour nous concentrer sur le point qui nous concerne et nous intéresse le plus : les accidents impliquant les vélos. Ces 4360 accidents sont reproduits dans la carte ci-dessous. Bien sûr l’ensemble des accidents à biclou n’y figurent pas : les chutes bénignes et celles n’impliquant pas de voiture ne sont souvent pas répertoriées. Mais cette carte vous permet de vous faire une idée de la « dangerosité » des routes près de chez vous et surtout de dégager quelques vérités méconnues sur la sécurité (ou non) à vélo.

Légende :
- Chaque point représente un accident, zoomez sur la zone qui vous intéresse et cliquez sur les points pour connaître les caractéristiques de l’accident (date, heure, type de route, luminosité, types de véhicules impliqués)
- Un point vert indique un accident ayant fait un blessé léger
- Un point jaune indique un accident ayant entraîné l’hospitalisation d’un blessé
- Un point rouge indique un accident mortel

Départementales : attention danger !

Tout d’abord, on remarque en se « baladant » sur cette carte que la plupart des accidents mortels sont des points isolés situés hors des villes. Le vélo n’est pas dangereux là où on le croit. « On parle toujours du vélo en ville comme quelque chose de dangereux mais c’est une erreur, la majorité des accidents graves à vélo ont lieu en dehors des villes », remarque tout d’abord Geneviève Laferrère, présidente de la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB), en découvrant cette carte. « Il y a plus de décès hors des villes qu’en ville, avec un pic dans certaines régions où il y a beaucoup de cyclotouristes comme dans les Alpes. L’accident classique c’est un choc avec un automobiliste qui est surpris ou évalue mal les vitesses et n’a pas le temps d’éviter le cycliste », confirme Dominique Lebrun, coordonnateur interministériel pour le développement du vélo.

S’ils sont rarement mortels, les accidents sont très nombreux en ville. Ainsi, selon les chiffres du ministère, 64% des personnes qui sont décédées à vélo en 2012 roulaient hors agglomération mais 85% des accidents à biclou ont eu lieu en ville. Faut-il en conclure que vous risquez d’y laisser un bras ou une épaule en roulant à vélo dans votre bourgade ? « La pratique cycliste a beaucoup augmenté dans les centres-villes donc le nombre d’accidents a augmenté également. Mais je rappelle que ce n’est pas proportionnel, en proportion il est prouvé que plus il y a de vélos moins il y a d’accidents car les automobilistes et même les cyclistes eux-même adaptent leur conduite », nuance Dominique Lebrun.

Porter un casque ou ralentir les voitures ?

Côté solution, cette carte relance l’inévitable débat sur le port du casque – même si cet élément n’est malheureusement pas mentionné dans le fichier du ministère. La présidente de la FUB milite ainsi pour un casque à deux vitesses : « Quand je fais du vélo sur des départementales où les voitures roulent vite, je porte un casque et je ne me sens pas en sécurité. Quand je fais mes courses à vélo en ville, je n’en mets pas et je pense que ça m’encombrerait plus que ça me protégerait. » « Pour la ville, nous pensons que la priorité c’est qu’il y ait de plus en plus de gens à vélo et que rendre le casque obligatoire serait une entrave qui découragerait », confirme Dominique Lebrun qui propose de « renforcer la visibilité des cyclistes » mais aussi de « travailler sur le différentiel de vitesse entre cyclistes et automobilistes ».

En clair, il s’agit de faire rouler les voitures moins vite pour leur éviter de percuter un vélo. Le « Monsieur vélo du gouvernement » propose de « mieux faire respecter les limitations de vitesse sur certains axes ». La présidente de la FUB va plus loin : « La vitesse est l’élément le plus important. Plutôt que de se demander s’il faut ou non faire porter un casque ou une armure aux cyclistes il faut réfléchir à la modération de la vitesse sur certains tronçons. On investit beaucoup d’argent pour que l’on puisse rouler toujours plus vite, par exemple en facilitant les virages. Est-ce vraiment une bonne chose ? Je ne suis pas pour une réduction uniforme des vitesse à 80 km/h qui serait mal comprise et mal acceptée mais on doit mener une réflexion par territoire pour appliquer des solutions locales en baissant la vitesse à certains endroits ou en proposant certains aménagement cyclables quand ils sont adaptés. »

Que vous inspire cette carte ? Est-il dangereux de rouler à vélo sur votre chemin quotidien ? Quelles solutions seraient adaptées pour limiter les accidents ? Le débat est lancé dans les commentaires ci-dessous.


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