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En direct de Terra eco
jeudi, 26 juin 2014 / David Solon /

Président de l’association des Amis de Terra eco Ancien directeur de la rédaction de Terra eco

A défaut de changer de vie, j’ai changé de tranche d’âge, le temps d’une simulation. Un traumatisme à méditer.

L’expérience fut déboussolante. Chevilles, genoux, puis coudes lestés. Les doigts agglutinés dans un élastique, casque assourdissant, corset et masque antivue scotché sur les yeux. En cinq minutes, avec cette drôle de combinaison, j’ai changé de vie. Pas de test d’apesanteur, ni de résistance aux hautes pressions. J’ai, l’espace d’un quart d’heure, pris quarante ans. De la tête aux pieds, je me suis senti encore plus gauche que d’ordinaire (!). Les gestes du quotidien m’ont paru insurmontables : de la lecture du journal au chapeau que l’on coiffe, des mikados à soulever au jus d’orange qu’on se sert sur les pieds. Canne en main, il a fallu se lever, s’asseoir, se relever. Une punition divine.

En fait, cette drôle de combinaison n’a rien d’un jouet. Du côté de Nantes, les auxiliaires de vie – merveilleuses béquilles contre la perte d’autonomie – doivent l’enfiler avant d’espérer exercer le métier. Un bizutage très réaliste. Et c’est la leçon de cette petite histoire : on peut toujours rêver d’ailleurs et de demain. Mais le bonheur – réel – est de vivre. D’abord dans l’instant. —