https://www.terraeco.net/spip.php?article55532
Ces designers tentent de clouer le bec aux réseaux sociaux
mercredi, 18 juin 2014 / Amélie Mougey

Après la Slow Food, place à la Slow Tech. Deux designers ont inventé des objets destinés à limiter, dans l’espace et le temps, l’usage des réseaux sociaux. Des inventions qui, pour l’instant, buttent sur la législation.

Imaginez un repas de famille sans téléphone qui vibre. Un écran sur lequel aucune bulle rouge ne viendrait titiller votre curiosité. La perspective vous inspire un mélange d’envie et d’angoisse ? Rien de surprenant.

« Nous sommes tiraillés entre le stress qu’engendre le fait d’être hyper-connectés et surinformés et la crainte de louper quelque chose », constate Hugo Eccles, chef du cabinet de design londonien qui porte son nom. « Et nous sommes très mauvais pour nous auto-discipliner. »

Préoccupés par notre sérénité, lui et son acolyte Afshin Mehin ont inventé une palette d’ustensiles destinés à créer des plages de déconnexion forcée. « La technologie que nous utilisons est celle du brouilleur, il s’agit de saturer les réseaux sans fil en les bombardant de signaux, ce qui les pousse à s’éteindre », explique-t-il.

Bulle de concentration

Son idée ? Transposer cette technologie digne des bâtiments fédéraux américains à des objets du quotidien. Ainsi, sur la table du salon des minuteurs Facebook et Twitter pourraient garantir la quiétude d’un repas familial. Posé sur votre bureau, le mêmes appareils créeraient une bulle de concentration.

Sauf si vous avez déjà décidé de rendre toute la pièce socialement froide. Le Social Thermostat, deuxième objet présenté par Hugo Eccles lors d’une exposition consacrée aux « Temps morts digitaux », doit cloisonner les lieux et les moments d’interactions sur les réseaux sociaux. « Une chambre froide pendant la nuit et un salon chaud en journée aurait du sens », estime le designer.

Risque de contrôle autoritaire ?

A l’aide de ces outils, les usagers reprendraient la main sur leurs pratiques de communication. Mais ils pourraient aussi subir de nouvelles contraintes. « Nous avons conçu des objets qui vont du contrôle le plus permissif au plus autoritaire », explique Hugo Eccles. Ainsi, en utilisant le Social Sentinel, un objet inspiré du protagoniste de l’Odyssée de l’espace et impossible à régler manuellement, un patron pourrait priver ses salariés d’accès aux réseaux sociaux.

Les jusqu’au-boutistes trouveraient aussi leur bonheur avec la Social Bomb. Dans l’imaginaire du designer une poignée d’activistes s’emparent du plus puissant de ses objets pour libérer parcs et restaurants de tous parasites virtuels.

Son rêve se heurte pourtant à la réalité. « Pour l’instant, aucun de ces objets n’est commercialisé car dans la plupart des pays les brouilleurs sont illégaux », regrette le designer. En France, seuls les centres pénitenciers et certaines salles de spectacles ont l’autorisation de s’équiper.


AUTRES IMAGES

1. Le minuteur (Social Timer)
JPEG - 34.5 ko
900 x 600 pixels

2. Le thermostat (Social thermostat)
JPEG - 26.4 ko
900 x 600 pixels

3. La sentinelle (Social Sentinel)
JPEG - 20.6 ko
900 x 600 pixels

4. La bombe (Social Bomb)
JPEG - 182.3 ko
900 x 600 pixels