La victoire du Front national lors du scrutin de ce dimanche est tout sauf une surprise. Elle est le miroir d’une classe politique qui ne touche plus terre, mais aussi d’une société déboussolée.

La gueule de bois est sévère. La France, inspiratrice avec l’Allemagne et le Benelux, de l’Europe de l’après-guerre a donc placé en tête du scrutin de ce dimanche 25 mai et sans beaucoup se déplacer (56,5% d’abstention) un parti d’extrême droite. Le résultat est avant tout douloureux pour l’idée européenne construite au premier jour sur des valeurs de paix et de respect des peuples. Cette image, brouillée au fil des décennies, jaunie à en devenir illisible, semble à deux doigts de se déchirer.

Le résultat est douloureux pour la France. Porteuse de lumière, elle paraît désormais se couvrir d’un manteau d’obscurité et de scepticisme. En tout cas, d’une vision audacieuse, elle semble s’être affranchie.

Le résultat est douloureux pour les partis politiques historiques. Douloureux, et peut-être même fatal pour certains d’entre eux. L’UMP et le Parti socialiste, incapables de grandir, incapables de comprendre ce monde qui change sous nos yeux, sont passés dimanche soir tous les deux sous l’éteignoir d’un mouvement politique – Le Front National – viscéralement anti-européen.

Enfin, le résultat est douloureux pour la démocratie. Si l’abstention totale devrait avoisiner les 57 % (en léger recul par rapport à 2009), ils seraient 73 % des moins de 35 ans à ne pas s’être déplacés pour ce scrutin (Source Ifop). La déclaration de divorce est éclatante.

Inutile dans ce cadre de diaboliser un Front National aux anges toute la soirée de dimanche. La responsabilité est tout à fait collective. Et la règle à ce jeu est sans appel : nous avons les élus que nous méritons.