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Un pauvre blé pour les fauchés
mercredi, 28 mai 2014 / Miss Bouffe

Ce sont toujours les pauvres qui courent après le blé. La moisson s’annonçait pourtant bonne. Près de 700 millions de tonnes de grains devaient remplir les resserres mondiales d’ici à la fin de l’été. Le climat n’avait pas eu raison des rendements. Même l’humeur guerroyeuse des deux greniers en chef, l’Ukraine et la Russie, n’arrivait pas, au printemps, à en faire flamber le prix. Mais sous le boisseau se cachait un sale gruau. Les scientifiques de l’Ecole de santé publique de Harvard ont découvert que les taux de zinc, de fer et de protéines contenus dans certaines céréales de base sont corrélés au taux de CO2 dans l’air. En clair, nos émissions de gaz à effet de serre appauvrissent le blé. Cultivé sous fortes concentrations – celles prévues pour 2050 –, il contient 9 % de zinc, 5 % de fer et 6 % de protéines en moins qu’un blé poussant dans l’air ambiant. Le problème, c’est que deux à trois milliards de personnes reçoivent près des trois quarts de leurs apports en nutriments grâce à lui et aux végétaux de même acabit. Quand les riches se bourreront de compléments, les pauvres, eux, deviendront carencés. —

Pour que la civilisation de la galette n’affronte pas celle du taboulé, mangeons le blé sous toutes ses formes.