https://www.terraeco.net/spip.php?article54788
Climat : Comprenez-vous ce que dit le Giec ?
mercredi, 23 avril 2014 / Thibaut Schepman /

Non, nous n’avons pas à « sauver la planète ». Elle s’en sort très bien toute seule. C’est nous qui avons besoin d’elle pour nous en sortir.

Comment le monde comprend-il les affirmations des experts du climat ? Réponse : mal. Et vous ? Faites le test !

« Il est extrêmement probable que l’influence humaine sur le climat a été la cause dominante du réchauffement observé depuis le milieu du XXe siècle. » Cette phrase – tirée du dernier rapport du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) – est le fruit de six ans de travail. Pourtant, une grande partie de l’humanité n’est pas capable de la comprendre. La preuve : faites-donc le test vous-même en répondant à cette question (sans regarder la suite de l’article !) :

sondage 4

Si vous avez répondu que le niveau de certitude des experts du climat dépasse les 95%, bravo, vous avez raison. Peut-être savez-vous aussi que dans son précédent rapport, publié en 2007, les experts du climat se contentaient – par prudence – d’affirmer que cette influence était « très probable », ce qui correspondait à plus de 90% de certitude. Si c’est le cas, vous êtes tout à fait exceptionnel. Car presque personne ne comprend les expressions utilisées par le Giec à longueur de rapports pour exprimer ses niveaux de certitude. Une étude publiée ce dimanche dans la revue scientifique Nature Climate Change vient de le confirmer.

Les chercheurs ont demandé à 1 304 personnes – venant de 25 pays et parlant 17 langues différentes – comment ils comprenaient les niveaux de certitude exprimés par le Giec et résumés dans le tableau ci-dessous.

Réponse ? Très mal. « Dans tous les échantillons, les personnes interrogées ont interprété à la baisse les niveaux de probabilité des affirmations du Giec », avancent les chercheurs. Quand les experts disent « très probable », cela veut dire qu’ils sont sûrs à plus de 90%. Mais les sondés eux évaluent ce niveau de certitude entre 55% et 90%. Ces résultats confirment ceux d’études précédentes, publiées en 2009, 2010 et 2011. Petite nouveauté, les chercheurs proposent dans cette étude un nouveau système de communication, reposant non plus sur des phrases mais sur des chiffres. Question subsidiaire : serait-ce suffisant pour inciter enfin à agir rapidement pour lutter contre le changement climatique ? Pas sûr, si l’on se souvient de l’expression de Jean-Pascal van Ypersele, vice-président du Giec, lors de la remise du premier volet du cinquième et dernier rapport de l’institution : « Si vous saviez que vous aviez neuf chances sur dix de vous faire écraser en traversant la rue lorsque vous brûlez un feu rouge, savoir que vous avez aujourd’hui 9,5 chances sur 10 change-t-il beaucoup de choses ? Je pense que savoir que vous aviez 9 chances sur 10 était déjà suffisant pour agir. »


AUTRES IMAGES

PNG - 48.9 ko
470 x 232 pixels