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Citoyens, mesurez la qualité de l’air de votre rue !
mardi, 8 avril 2014 / Thibaut Schepman /

Non, nous n’avons pas à « sauver la planète ». Elle s’en sort très bien toute seule. C’est nous qui avons besoin d’elle pour nous en sortir.

Une association propose aux citoyens motivés de construire et utiliser des capteurs de mesure de la pollution. Et de partager ces données.

Attention, respirez tue. Cette information pose quelques questions au quotidien, notamment pendant les périodes de pic de pollution. L’air que je respire maintenant, à l’instant T, est-il crado ? Est-ce pire dans ma rue, sur mon lieu de travail ou dans l’école de mes enfants à côté d’un grand boulevard ? Et mon air est-il meilleur ou moins bon que celui de mon voisin ?

Grâce au projet Citoyens capteurs, vous pourrez bientôt avoir des réponses à toutes ces questions. Lancé il y a deux ans, il permet aux citoyens de mesurer au quotidien la qualité de l’air [1], pour aider à comprendre cette pollution invisible. « A Paris par exemple, Air Parif [2] dispose de moins de dix stations de mesure, qui sont de grosses installations très coûteuses et qui donnent un panorama global de la pollution. Nous, nous travaillons sur quelque chose de complémentaire, à savoir un capteur plus petit, mobile et moins cher, pour des informations plus locales. Aujourd’hui, notre prototype coûte 300 euros, on espère descendre en dessous de 100 euros. Le but c’est qu’il y ait beaucoup plus de capteurs dans les villes, et que les gens puissent se les approprier », explique Olivier Blondeau, délégué de l’association. Transmises en temps réel, les informations mesurées seront publiées sur une carte et seront bien sûr accessibles en open source.

« On n’est pas du tout dans la bidouille ou le bricolage »

Après plusieurs mois de travail, les volontaires vont pouvoir avoir accès aux kits. Pour les plus motivés, l’association propose – en open source également – un guide expliquant où se procurer le matériel et comment le monter. Technique, l’opération n’est pas donnée à tout le monde. « On fait tout pour que ce soit accessible mais, effectivement, c’est un travail qui demande beaucoup de précision, on n’est pas du tout dans la bidouille ou le bricolage. Mais ça fait partie de la démarche, on est dans la logique d’« enpowerment » [3] jusqu’au bout », explique Laurence Allard, trésorière de l’association, qui rappelle que « les Fablabs ou les hackerspaces sont des endroits où les gens sont toujours motivés à l’idée de réaliser de nouveaux projets ».

Créer des « capteurthèques »

Déjà une centaine de personnes en France se seraient manifestées pour se lancer dans l’aventure – dont une partie motivée par le succès du capteur citoyen lors de l’émission « Cash investigation » consacrée à la pollution au diesel en septembre dernier.

Et pour ceux qui ont deux mains gauches et manquent de temps ou d’envie de s’en servir ? L’association envisage de créer des « capteurthèques », c’est-à-dire des lieux où des capteurs seraient mis à disposition des particuliers. Pour les financer, elle va lancer un appel au financement participatif dans les semaines qui viennent. L’association espère également recevoir le soutien d’industriels pouvant utiliser les capteurs, ou de collectivités locales voulant mesurer l’impact de certaines de leurs politiques sur la qualité de l’air.


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