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Municipales : le reflet dramatique de notre société
lundi, 24 mars 2014 / David Solon /

Président de l’association des Amis de Terra eco Ancien directeur de la rédaction de Terra eco

Avec un taux d’abstention record - 36,45% - et des scores historiques pour le Front national, les résultats du premier tour des municipales sont le reflet du triste état de notre société.

Les avertissements étaient légion. On savait l’électorat en colère ou désabusé. On devinait – sondages à l’appui – le Parti socialiste inaudible, l’UMP en appétence de revanche et le Front national prêt à cueillir les fruits mûrs sans même avoir à se baisser. Bingo. Le premier tour des municipales a fait mouche.

La gauche orpheline de toute audace, faisait peine à voir, bouche bée sur les plateaux de télévision ce dimanche soir, qui contemplait la béatitude des uns et des autres de ses adversaires. Cette gauche immobile, sans idées et paniquée à l’heure d’espérer changer la vie de ses concitoyens. Engoncée, froide et triste, elle semble à mille lieux d’un monde qui réclame des ruptures, ou à défaut des transitions.

La droite classique, ce dimanche soir, cachait bien mal sa joie. Ravie de retrouver – presque malgré elle – les ivresses des soirs de victoire. Oubliées les affaires en veux-tu, en voilà, cette droite claudicante a retrouvé dans un hoquet cette verve décomplexée qui fit sa force.

La bande à Marine, quant à elle, jouissait en direct. Ce scénario, elle l’avait rêvé. Depuis des années même. Et à force de se renvoyer la baballe, gauche et droite ont fini par l’écrire ensemble. Symboliquement victorieuse dès dimanche soir à Hénin-Beaumont, en tête parfois, arbitre très souvent, cette droite-extrême va désormais porter haut un peu partout.

Mais à vrai dire, ce n’est pas elle qu’il faut blâmer. Ni sa nature, ni son ascension. Cette droite-là, génétiquement discriminante et réactionnaire, n’est que le réceptacle de nos angoisses les plus profondes envers l’avenir. La première manche de ce scrutin était un miroir sur l’état de notre société. Le reflet est dramatique. Mais après tout, on a les élus que l’on mérite.