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Comment Bilbao s’est remise aux pas
jeudi, 27 mars 2014
/ Alex Fernandez Muerza
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Etouffée par le tout-voiture et un passé industriel omniprésent, la cité basque a su se réinventer en ville idéale pour les marcheurs. Récit d’une métamorphose.
« Bienvenue à Bilbao, musée des horreurs écologiques. » Carlos Cuerda, alors étudiant, se souvient de ce graffiti, à l’entrée de la ville. C’était en 1986. Des militants exprimaient alors leur colère contre la cité basque, contaminée par une industrie greffée en son cœur. Aujourd’hui, l’image cauchemardesque a laissé place à une tout autre réalité : rues piétonnes, parcs et itinéraires de promenades sont devenus l’ADN de Bilbao. La métamorphose a débuté dans les années 1990. A l’époque, les grandes usines sidérurgiques, de construction navale ou de métallurgie, comme Altos Hornos de Vizcaya ou Euskalduna, faisaient face à une crise profonde, qui avait plongé la ville dans une grave dépression socio-économique.
Directeur général de l’association Bilbao Métropole (1), créée par les principales institutions et entreprises de l’aire urbaine et destinée à revitaliser la ville, Alfonso Martínez Cearra estime que « la ville basque était, à l’époque, le résultat d’un urbanisme incohérent et indigne d’une métropole européenne qui se respecte. Elle n’avait pas d’autre solution que de changer ». Les Bilbainos du monde économique et institutionnel vont alors transformer « leur » Bilbao en une cité moderne, consacrée aux services et à ses habitants, sans industrie lourde, ni pollution.
Le cœur historique, le Casco viejo, totalement noyé sous les grandes inondations de 1983, a, lui, bouté la voiture hors de ses rues. Il est un fief 100 % piéton. On peut y déambuler des heures, jusqu’à ce que la faim et les parfums des trésors gastronomiques locaux fassent enfin plier les marcheurs les plus acharnés. « Ce ne sont pas tant les grands travaux qui ont changé la ville que les milliers d’opérations microchirurgicales dans les quartiers et les arrondissements, comme les ouvertures de parcs, l’accent mis sur l’accessibilité, la piétonnisation, la création d’ascenseurs dans les zones les plus élevées... », juge Carlos Cuerda, l’étudiant devenu responsable d’un bureau d’études en développement durable. Le développement du réseau de transports en commun a, lui aussi, été crucial. En 1995, la première ligne de métro ouvre ses rames et fait le lien entre la ville et l’agglomération (873 000 habitants en 2011). Le maillage en lignes de bus s’étend et le tramway fait son apparition en 2002. Bref, la voiture n’est plus la bienvenue.
Surnommée El Botxo (le Creux), Bilbao est lovée au pied des montagnes. En 2013, la ville est officiellement reconnue comme sentier de grande randonnée ! Flanqués de rouge et blanc, les panneaux du GR228 jalonnent la ville à travers onze itinéraires différents et permettent de se perdre sur les flancs de l’Artxanda, du Pagasarri, du Monte Avril, d’Arnotegui ou de l’Arraiz, les montagnes protectrices.
(Traduction : David Solon)
(1) www.BM30.es
Pour les transports, c’est le pied
D’après le gouvernement basque, le mode de transport le plus utilisé à Bilbao est… la paire de jambes (47,8 %), suivie, de loin, par la voiture (31,1 %). La ceinture verte couvre, elle, près d’une centaine de kilomètres accessibles à pied depuis le centre-ville, jusqu’aux montagnes surplombant la cité basque. —